samedi 2 octobre 2010

Les très suaves heures de l'histoire contemporaine : le jour où Barbra Streisand dit oui ...puis non.


En 1969, Barbra Streisand a déjà à peu près tout ce qu'elle désire. Son premier film, "Funny Girl" lui a permis de décrocher un Oscar. Ses trois premiers albums ont chacun remporté un Grammy et elle est sous contrat avec CBS qui a déjà produit, avec elle en unique vedette, quatre programmes spéciaux à la télévision qui ont tous reçu un Emmy. Barbra Streisand a 26 ans et elle a déjà besoin de très grandes étagères.

Seulement voilà, depuis qu'elle est toute jeune, Barbra veut être une actrice, une tragédienne, ne considérant la musique que comme une activité parallèle et presque secondaire. Lorsque pour son quatrième film, son producteur lui suggère l'adaptation d'une pièce de Broadway, elle saute de joie. Broadway c'est le théâtre et ça veut donc dire un vrai rôle dramatique : c'est parfait. Elle s'interroge un instant lorsqu'elle découvre que la pièce en question se nomme "The Owl and the Pussycat" et raconte la rencontre improbable entre un jeune auteur fauché et sa voisine un peu actrice mais surtout très prostituée. Mais le futur réalisateur, Herbert Ross, parvient à la convaincre : elle va devoir faire des recherches sur la prostitution, créer un vrai personnage. De plus elle ne chantera pas, même pas le générique. Ce sera une nouvelle Barbra, qui racole, qui jure et se montre nue.


Lorsque le tournage commence en septembre 1969, Barbra Streisand est consciente que ce rôle peut être un tournant dans sa carrière. Elle joue pour la première fois un rôle contemporain, celui d'une jeune femme affranchie, urbaine, qui dit "Fuck", c'est dans les dialogues, ce qui va d'ailleurs faire d'elle la première actrice hollywoodienne à employer un tel mot dans un film de studio. Ce qui l'ennuie, c'est tout de même la scène de nu, prévue depuis le départ et qui la met un peu mal à l'aise. Car finalement c'est cela, le véritable challenge du film, celui qui va montrer que Barbra est prête à entrer dans les années 70 en héroïne. Elle a, au cas où, obtenu d'avoir le dernier mot quant à la présence de la séquence dans le montage final du film. Donc au pire, elle décide de valider la scène et prouve qu'elle a du culot, au mieux, elle change d'avis et la scène disparaîtra à tout jamais.

Le jour J, Barbra a exigé un plateau vide et seuls son partenaire, George Segal et son réalisateur sont là. George est au lit, Barbra doit sortir de la salle de bain en peignoir, le faire tomber et rejoindre George totalement nue. Pour le moment on attend et Barbra reste derrière la porte. Lorsqu'enfin Herbert Ross lui demande ce qu'il se passe, il entend une voix paniquée lui répondre que la peur lui a recouvert le corps de chair de poule et qu'elle ne peut pas tourner. Herbert la rassure, Barbra se calme et enfin annonce qu'elle est prête. La porte s'ouvre, Barbra apparaît, le peignoir tombe. Elle est là, nue, devant la caméra et lentement, elle se dirige vers le lit. On coupe. C'est dans la boite.


Sauf qu'à l'instant même où le réalisateur crie "coupez", Barbra se redresse et déclare que jamais cette scène ne sera dans le film. Elle en a le droit. Tout le monde se regarde. Fin de l'histoire. "The Owl and the Pussycat" sort en 1970 et rencontre un certain succès, malgré son interdiction aux moins de 16 ans du fait du langage souvent vert de Barbra et de son fameux "Fuck" qui sera rapidement coupé et ne figurera toujours pas dans la version DVD sortie en 2001. Des rumeurs évoquant une scène de nu obligeront Barbra à reconnaître qu'elle a bien tourné sans vêtement mais que la scène n'apportait rien au film et ralentissait son rythme.

En 1979 le magazine de charme High Society remettra en lumière cette fameuse scène en faisant sa une avec Barbra, dans le plus seyant de ses costumes pour "The Owl", avec la mention : nue ! Le directeur du journal s'est procuré, de façon très mystérieuse, le négatif de la fameuse scène et en publie les photos les plus marquantes, ce qui mettra en rage Barbra qui attaquera High Society, gagnera et obligera le magazine à détruire tous les exemplaires non vendus et à restituer le négatif. Heureux ceux qui possède cet exemplaire, il est assez unique en son genre. Le plus surprenant est que Barbra par contre ne fit rien pour empêcher la diffusion des photos cuirs et fouets prises pour les besoins du film et supposées apparaître uniquement dans le film lorsque son personnage participe à un porno.






Hors contexte, ce sont sans doute les clichés les plus étranges de miss Streisand que l'on puisse trouver et ils sont totalement autorisés. Donc si on comprend bien, pour Barbra, il est impensable de paraître seins nus, alors qu'en cuir clouté pas forcément très flatteur, c'est non seulement toléré, c'est même totalement suave. Allez comprendre...

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