dimanche 10 octobre 2010

Le petit Panthéon du Rire de Soyons-Suave : Dorothy Loudon.


Présentée par Richard Burton, elle apparaît après 11 secondes.

Dorothy Loudon, décédée en 2003, est sans conteste un de ces trésors presque cachés de la grande histoire de Broadway, ce qui en soit est assez triste, mais possède un doux revers : elle est devenue légendaire dans certains cercles et le culte que certains lui vouent aujourd'hui dépasse de loin ce qu'elle a pu connaître de son vivant.

Pas forcément facile de connaître enfin la célébrité à 47 ans, Dorothy Loudon passa les 25 premières années de sa carrière musicale à enchaîner les productions qui n'arrivent jamais jusqu'à Broadway ou les shows fermant leurs portes après seulement 2 représentations, mais recevant toujours d'admirables critiques et parfois même une nomination aux Tony, jusqu'à ce qu'on lui confie le rôle de la très méchante miss Hannigan dans la comédie musicale "Annie", normalement déconseillée aux diabétiques. Personne ne le savait mais ce personnage était fait pour elle : démesuré, aux portes de la folie, il lui rapporta un Tony Award et une dizaine d'autres récompenses, contredisant ses propres paroles : "Ne jamais jouer dans un spectacle avec des enfants, des chiens ou des ténors irlandais". Et il y a les trois dans "Annie".

En 1978, on lui confia un feuilleton à la télévision, elle reparut sur les planches dans un semi succès : "Ballroom" et fit ses débuts au cinéma dans "Garbo" de Sidney Lumet. Mais voilà : trop intense, toujours sur le fil, parfois excessive, sa série fut annulée après un an et elle retourna au théâtre, remplaçant par exemple Angela Lansbury dans "Sweeney Todd"qui s'arrêta peu après.

Alors qu'elle avait commencé sa carrière dans les cabarets où elle se fit un nom en parodiant la chanteuse sérieuse qu'elle espérait pourtant être afin de déclencher les rires des spectateurs, elle la termina par des apparitions toujours hallucinantes à la télévision lors de programmes prestigieux (Emmy, Tony, Oscars) ou dans "Minuit dans le jardin du mal et du bien" de Clint Eastwood, dans le rôle de la plus excentrique habitante de Savannah, sa dernière apparition. Boucle bouclée, l'un de ses derniers grands moments fut en 1992 lors du concert en l'honneur du compositeur Stephen Sondheim. Elle y chante en medley les classiques "Losing my mind" de Follies et "You can drive a person crazy" de Company et termine dans un état de démence absolue, terrifiante, sidérante et hilarante en même temps. Le petit Panthéon de Soyons-Suave est fier de l'accueillir. Il est fait pour les gens irremplaçables à qui nous disons un éternel merci.


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