mercredi 5 mars 2014

La fin du Quizz de Nina et Daisy






















Eh bien eh bien ! Il aura fallu une de nos compatriotes pour vous causer bien des soucis. La créature de dos, en vert et passablement raidie par la stupeur était bien Claudette Colbert dans "Parrish", réalisé en Delmer Daves en 1961. Et si vous vous demandez pourquoi elle est stupéfaite, vous regarderez avec intérêt la bande annonce ci-dessous.

Mais avant cela, célébrons Didier qui voit son nom en noir sur gris sur Soyons-Suave et reçoit nos plus sincères félicitations. Comme vous le disiez très cher ami, la coupe de cheveux, inchangée depuis 1931 était reconnaissable entre mille. Elle ne vous a pas échappé ou si peu. Bravo. 



Produit par la Warner, "Parrish" est un inénarrable mélodrame qui possède quatre intérêts : nous en apprendre plus sur l'industrie du tabac, prouver qu'il ne sert à rien d'essayer de donner une suite à "A summer place", que Troy Donahue n'avait pas fait l'Actor Studio mais est formidable quand il est habillé en rouge et, last but not least, contempler Claudette Colbert pour son dernier rôle au cinéma.

Car "Parrish" fut la dernière apparition de miss Emilie Chauchoin sur grand écran, après quoi Claudette jugea qu'il était temps de se consacrer à autre chose, entre autre parce que les rôles ne venaient plus et que Troy Donahue l'appela grand-mère pendant tout le tournage. Quand on a remporté un Oscar, été une des actrices les plus populaires et les mieux payées, une des premières stars indépendantes également et les plus glamour, comment survivre à un rôle qui vous offre Karl Malden comme fiancé ?


































Si vous songez aux indices fournis la semaine dernière, vous comprenez mieux le tabac et la biographie de Henry Wilsson dont Troy Donahue fut l'un des poulains. Karl Malden est maintenant une évidence. Reste la Barbade, où Claudette Colbert s'installa à partir de 1962 et où elle repose au côté de son époux et de sa mère.

"Parrish" est d'ailleurs une des clefs de l'installation de Claudette à Speightstown, deuxième ville de cette île paradisiaque puisque c'est précisément pour finaliser l'achat de sa future propriété qu'elle accepta ce rôle. Parce que son époux était malade et nécessitait une atmosphère plus tropicale, Claudette Colbert hésitait entre Puerto Rico et la Jamaïque. Un séjour dans la résidence du décorateur Oliver Messel décida l'actrice : elle acheta la villa Bellerive qui allait devenir l'épicentre de la vie sociale caribéenne.  
























Pendant près de 30 ans, Claudette Colbert va recevoir pratiquement tout le monde à Bellerive, de Frank Sinatra et Mia Farrow en lune de miel aux époux Regan. La Princesse Margaret et Mick Jagger, voisins de l'île Moustique, passaient pour le dîner, et bien sûr on y croisait Verna Hull, l'amie fidèle avec laquelle Claudette vécut plus longtemps qu'avec son propre époux épousé pourtant en 1935 et à laquelle elle n'adressa plus la parole après la disparition de celui-ci.

A la mort de l'actrice, tous les biens de Claudette, qui n'eut jamais d'enfant, furent partagés entre sa domestique de la Barbade, une nièce et une autre "amie", rencontrée également pendant le tournage de "Parrish" (décidément), qui vendit Bellerive pour 2 millions de dollars à David Geffen qui la revendit aussitôt. Il existe peu de photos de la villa, de cet endroit que Claudette Colbert préféra par dessus tout et des fêtes qui s'y déroulèrent. Et c'est finalement une bonne chose...
















Joan, était-il vraiment nécessaire de partager ce cliché ? 

30 commentaires:

Jérôme (moins anonyme) a dit…

Joan s'en sert d'habitude de "memento mori"

Nina a dit…

Un Rock qui cachait un Henry qui cachait un Troy ! Bravo la transparence !!!

Stephane G. a dit…

dans le film Working Girl de Mike Nichols, le personnage de Sygourney Weaver parle au téléphone avec ses parents en vacances à la Barbade et dit "send my love to Claudette", elle faisait partie du premier cercle reaganien comme en atteste la photo de Nancy et Pat Buckley

Anonyme a dit…

Hello Monsieur Suave, pourquoi Claudette n'adressa plus la parole à Verna Hull après la disparition de son époux ??

soyons-suave a dit…

Cher RoiJoyeux, Verna Hull était une tellement bonne amie qu'elle mit en garde Claudette lorsqu'il devint évident que son mari ne se relèverait pas du cancer dont il souffrait : pour elle, il tuerait Claudette avant de mourir ! Il n'en fit rien, décéda en 1968 à la Barbade et Claudette ne parla plus de sa vie à Verna, pour avoir dit une chose pareille.

Il existe deux merveilleux articles sur Claudette dans Vanity Fair US, un sur la domestique à laquelle elle légua une très forte somme d'argent dans son testament et un autre plus général sur sa carrière. Le dernier repose sur un entretien avec Pierre Barillet (de Barillet et Gredy, auteurs de triomphes au théâtre pour Jacqueline Maillan, entre autre)qui vient de publier une biographie de Simone Simon très divertissante. C'était un ami de Claudette et autant il parle très clairement de l'homosexualité d'Edwige Feuillère ou de Marc Allegret par exemple, autant il ne dit rien sur Claudette qui s'est toujours moquée des rumeurs la concernant, de sa prétendue relation avec Marlene dans les années 30 à Verna Hull ou Helen O'Hagan à qui elle légua sa fortune.

Anonyme a dit…

merci Monsieur Suave pour ces fascinantes informations !! Venant souvent chez vous je suis ravi de voir qu'il me reste de nombreuses actrices et acteurs du grand Hollywood à découvrir et parmi eux des joyeux... Pour Claudette je la connaissais de nom et par quelques photos mais je ne l'avais jamais vue en video avant de voir la bande annonce de "Parrish" et ne connaissais rien d'elle... Vive soyons-suave !!

soyons-suave a dit…

:) Cher RoiJoyeux,notre conseil du dimanche sera le suivant : si vous avez déjà vu "La corde" d'Hitchcock, vous avez peut-être été intrigué, par les nombreux sous-entendus gay du scénario mais également par Constance Collier, la plus âgée des invités et son très suave tricorne mauve à voilette. Constance était une créature fascinante, actrice shakespearienne et plus tard coach dramatique à Hollywood pour, entre autre, Katharine Hepburn ou Marilyn. Elle était considérée comme la reine d'un cercle lesbien assez fermé et il est étonnant de lire la liste de ses conquêtes :)

Anonyme a dit…

merci cher Monsieur Suave pour cette précieuse information oui j'ai vu "La corde" mais je ne savais pas qu'il y avait une autre personne gay en plus de Farley Granger et son amant !!

Anonyme a dit…

Bonjour, je ne sais pas si votre blog (que je viens de découvrir) est encore actif mais si c'est le cas, pourriez-vous avoir la gentillesse de me donner la référence de l'article, en tous cas du support original, dans lequel P. Barillet s'exprime sur l'homosexualité d'E. Feuillère ? Je prépare un mémoire universitaire sur la question des genres dans le cinéma d'après-guerre. Merci beaucoup d'avance !

soyons-suave a dit…

Cher(e) anonyme, oui, nous sommes toujours de ce monde, ce qui n'est pas le cas de Simone Simon à laquelle Pierre Barillet consacra en 2013 une biographie-essai intitulée "Simone Simon La Féline" aux éditions La Tour Verte. C'est dans cet ouvrage qu'il évoque Edwige et ses "avances" auprès de Simone, notamment durant le tournage d'"Olivia" de Jacqueline Audry en 1951. Jacqueline Audry est d'ailleurs un cas intéressant si vous vous intéressez à la question des genres, rare femme réalisatrice et dont la filmographie est atypique : relation lesbienne dans "Olivia", personnage lesbien dans "huis clos", une biographie du Chevalier d'Eon, la bisexualité dans "La Garçonne"...
Nous avons également consacré un Quizz à Giovanna Galletti, inoubliable patronne ultra butch et totalement lesbienne de Daniel Gélin dans "Adorables créatures" de Christian Jaque. Cela date de 1952 et il faut le voir pour le croire :)
Et à votre suave service si nous pouvons vous être d'une quelconque utilité.

soyons-suave a dit…

L'esprit de Simone Renant vient de se manifester : il ne comprend pas pourquoi nous n'avons pas évoqué son rôle de lesbienne indépendante dans "Quai des orfèvres"...

Anonyme a dit…

Cher Suave, un grand merci pour cette précision (au sujet d'E. Feuillère). J'en suis encore à compulser des documents beaucoup plus anciens, ceux d'une époque pré-gaulliste où l'on exposait la vitrine hétérosexuelle de ces dames... :-) A tout hasard, vous souvenez-vous en quels termes cet épisode est relaté par S. Simon et P. Barillet ?

Simone Renant, en effet, la première sur la liste de personnages-phares. A croire que les Simone d'antan sont les Angelina d'aujourd'hui :-)

soyons-suave a dit…

Absolument. Simone est pratiquement figurante au théâtre dans une pièce dans laquelle joue Edwige : Un soir en coulisse, Edwige regarde Simone, lui caresse la joue et lui déclare : "tu as une mignonne frimousse mais tu ne sais pas te maquiller. Viens dans ma loge après le spectacle, je t'apprendrai". Pierre Barillet de conclure : "Simone a prudemment décliné l'invitation".

soyons-suave a dit…

Nous revenons sur ce que nous avons dit plus haut : pendant le tournage d'"Olivia", Simone et Edwige ne s'adressèrent pratiquement pas la parole, cette dernière étant devenue entre temps une "grande dame du cinéma et du théâtre français" :)

Anonyme a dit…

Edwige la Gorgone :-) Ce "prudemment" sous-entend peut-être qu'elle avait une autre arme à fourbir qu'elle-même... ? (oui, je cherche des détours de blonde, parce que tout cela casse un peu le mythe "Feuillère, non ?) Barillet précise-t-il l'époque de cette "charge en coulisse" ?

soyons-suave a dit…

1930, dans les coulisses de l'opérette "Les aventures du roi Pausole", quand Edwige s'appelait encore Cora Lynn :)

muriel a dit…

Bonjour ,
Sur le sujet de l'homosexualité , ou plutôt de la bisexualité d'Edwige Feuillère, vous pouvez lire un article de Josiane Savigneau journaliste du Monde , qui fut une amie proche , celui-ci se trouve dans son livre"Point de côté" ... F Giroud , dans "F G vous présente le "Tout-Paris" , y fait aussi des allusions assez claires, surtout si on pense qu'elle écrit dans les années 50.. De nombreuses anecdotes circulaient dans les années 50 60 à ce sujet , j'en ai entendu moi-même quelques unes ...
Bonne recherche!
Muriel

soyons-suave a dit…

Des anecdotes ! Des anecdotes ! :)

muriel a dit…

Une, spécialement, à moi racontée par une amie septuagénaire ...Dans les années soixante, une de ses amies aixoises voulait faire du théâtre et elle prenait des cours de comédie , elle fut recommandée à E F par un de ses professeurs , mais , celle-ci qui la reçut fort aimablement, s'intéressa plus à sa plastique qu'à son talent ... fin des rêves de théâtre semble-t-il...

soyons-suave a dit…

Eh bien eh bien... merci pour ce partage Muriel :) Une prédatrice en fait...

Anonyme a dit…

Merci Muriel pour ces infos et cette anecdote ! J'avais déjà pris connaissance de l'extrait du livre de J. Savigneau dans lequel tout est en effet très clair ;-) Je n'ai qu'un vague souvenir de celui de F. Giroud, alors n'hésitez pas à me rafraîchir la mémoire si vous avez encore quelques éléments précis.

Delphine a dit…

Bonjour Muriel, si vous êtes toujours sur ce blog je vous salue . Je voulais vous demander si vous connaissez un peu EFeuillere comment selon vous elle peut avoir à la fois la réputation d'une dragueuse et d'une femme froide et solitaire. Je cherche à la cerner car le personnage m'intrigue vraiment. Bien cordialement

Anonyme a dit…

@Delphine :j'écoute en ce moment sa «Berenice» de 1952 et je me suis posé la même question... Il y a chez cette femme un mélange de glace et de feu (cette voix qui vient du ventre, comme on dit au théâtre). C'était un Scorpion, et elle semble bien en avoir maîtrisé tous les atouts :-)

Delphine a dit…

Oui insaisissable . Je n'ai jamais écouté l'enregistrement de Berenice avec JLB mais vous me donnez envie . J'ai écouté le partage de midi et la dame aux camelias en revanche . Sa voix en effet est tout en rupture , grave puis moqueuse et légère. Et je ne m'explique pas son audace d'apparaitre dans Olivia alors qu'elle etait si secrete par ailleurs . Je m'intéresse un peu à la biographie de Feuillere pendant mes loisirs . J'enquete un peu . Mais pas facile ... Si vous voulez faire un petit club n'hésitez pas ! Je reponds au delphine.magdeleine@gmail.com .

Anonyme a dit…

@ Delphine : avec plaisir, je note votre email. En effet, pas simple d'entrer dans l'intimité de E.F, tout y est tellement verrouillé... Je vous enverrai sa "Bérénice" par WeTransfer dans les prochains jours. J ai aussi sa Radioscopie de 1970 ou 71, si cela vous intéresse. A bientôt !

Delphine a dit…

Merci beaucoup . À bientôt

Delphine a dit…

Bonjour Anonyme, je suis preneuse de la Berenice d'E.F. si votre proposition tient toujours . À bientôt . Delphine

Anonyme a dit…

Bonjour Delphine, désolée pour cet énorme retard de réponse,je suis confuse... votre adresse e-mail est-elle inchangée, depuis ? Je puis vous envoyer Berenice dans les prochains jours.

Avis à celles et ceux nostalgiques du film «Olivia» : le site @ de Arte le propose en streaming gratuit jusqu'au début de juillet...

Delphine a dit…

Bonjour Anonyme oui mon adresse email est inchangée tout comme mon envie de voir Berenice ... bien à vous

Delphine a dit…

Anonyme, répondez -vous encore par ici ?