Puisqu'il fait définitivement trop chaud, faisons court et dénudé. Je suis une jambe, certes. Mais qui suis-je ? J'attends vos suaves suggestions...
mardi 30 juin 2009
lundi 29 juin 2009
Un peu de musique avec La Vallée des Poupées.
Puisque Soyons-Suave commence à prendre un certain rythme, il est grand temps d'envisager un premier post sérieux et conséquent sur cet Himalaya de la culture suave qu'est "La vallée des poupées". Et si vous connaissez cet hymne à la suavitude, sorti sur les écrans en 1967 d'après le roman de Jacqueline Susann, pas d'inquiétude, il ne sera en rien question ici d'une énième analyse des morceaux de bravoure, nombreux, de ce film parmi les plus commentés sur le net.
Il est simplement tentant d'essayer de comprendre pourquoi "La Vallée des poupées" séduit autant. Parce que, quand on y regarde à deux fois, il s'ouvre tout de même sur des paroles énigmatiques : "Vous devez escalader le Mont Everest pour atteindre la Vallée des Poupées..."; il est interprété, de la part de ses trois actrices principales, Patty Duke, Barbara Parkins et Sharon Tate, de façon relativement expérimentale; il ne permit pas à Judy Garland de tenir un dernier grand rôle au cinéma puisqu'elle fut renvoyée au bout d'une semaine et remplacée par Susan Hayward; et, dernier exemple parmi tant d'autres, il évoque, à intervalles réguliers, des sujets assez suaves tels que le cancer du sein, les maladies génétiques mortelles et mystérieuses sautant une génération et la lutte contre la fibrose kistique !
Et pourtant c'est un film qu'il est doux de chérir.
Alors bien sûr, on peut se tourner vers ses multiples facettes pour tenter de percer son mystère : c'est un mélodrame flamboyant, c'est un défilé de mode, c'est un film de femmes, c'est un documentaire sur les ravages de la drogue, autant dire que chacun peut y trouver quelque chose. Mais c'est aussi un film musical et on touche peut-être là du doigt un des éléments majeurs qui font de "La Vallée des Poupées" un classique, dans la catégorie prestigieuse des films tellement mauvais qu'ils en deviennent géniaux.
C'est au couple Dory et André Prévin que revint le privilège de composer les chansons de "La Vallée des Poupées" et premier signe intéressant, ce sera là leur dernière collaboration. Un an plus tard, André quittait Dory pour Mia Farrow, enceinte de lui et Dory entra dans un sanatorium pour dépression pendant presque deux ans, ce dont elle était assez coutumière. Sans être des superstars de la musique, ils pouvaient se vanter, pour André, de 13 nominations aux Oscars et 4 statuettes, pour les musiques de "Gigi", "Porgy and Bess", "Irma la douce" et "My Fair Lady" et pour Dory de quelques nominations également et de nombreuses paroles de chansons enregistrées par Doris Day ou Frank Sinatra. Donc tout sauf des amateurs.
Pourtant, les cinq chansons qu'on peut entendre dans "La Vallée des Poupées" sont dans le meilleur des cas étranges, au pire franchement surréalistes. Explications.
"Theme from "Valley of the Dolls"
S'élevant pendant que le générique apparaît après un prologue situant le personnage d'Anne Welles que joue Barbara Perkins, cette première chanson est interprétée par Dionne Warwick dont le nom aurait été soufflé par Barbara Perkins elle-même, grande admiratrice de la chanteuse, pour l'interpréter. Les paroles plongent immédiatement le spectateur dans un état assez proche de la dépression : "Est-ce un rêve, suis-je ici, où es-tu, qu'il y a-t-il au-delà du ciel, pourquoi pleurons-nous, je dois partir, je dois m'échapper de ce manège de chevaux de bois". Et si la signification du refrain laisse perplexe, mais après tout il s'agit d'un film sur les abus de stupéfiants, ce qu'on voit à l'écran au même moment est assez guilleret : Anne vient de quitter la Nouvelle-Angleterre pour New-York, elle est pensive à la fenêtre du train et regarde... des parkings, des cimetières et des rangées de containers. Le ton est donné : nous ne sommes pas là pour rigoler.
Pour des questions de contrat avec sa maison de disques, ce n'est pas Dionne Warwick qu'on peut entendre sur la bande originale du film, meilleure vente de disques pendant 6 mois mais Dory Prévin elle-même, inaugurant ainsi sa future carrière de chanteuse très dépressive ( écoutons pour nous en rendre compte le très enlevé "je suis née sans main gauche" enregistré en 1972 sur l'album "Mary C. Brown and the Hollywood Sign" où il est également beaucoup question de suicide).
Et ce détail est assez caractéristique de "La vallée des Poupées" où ceux qu'on voit chanter ne sont jamais ceux qu'on entend et encore moins ceux qui ont gravé la chanson sur disque.
"Give a little more"
A peine arrivée à New-York, Anne Welles, toute de taupe vêtue (ce qui fait qu'elle disparaît régulièrement dans le décor généralement marron/beige) est embauchée par un cabinet d'avocats spécialisé dans le show-business qui l'affecte aussitôt à une perilleuse mission : aller faire signer son contrat à Helen Lawson, le dragon de Broadway, joué par Susan Hayward dans un rôle inspiré d'Ethel Merman, institution de la comédie musicale US. Entrant dans les coulisses, Anne est attirée par une douce mélopée : il s'agit de Patty Duke alias Neely O'Hara, répétant son unique chanson du show qui va faire d'elle une star. L'ensemble est assez statique, Patty est assise, en collant et pull rayé et déclare : "Mon ami, tu as découvert qui tu étais vraiment, avec un cafard que tu ne peux ignorer, alors rappelle-toi, mon ami, de donner un petit peu plus".
Nous saurons, deux scènes plus loin, qu'il s'agit, d'après elle, de la meilleure chanson du show, ce qui laisse perplexe sur toutes celles qu'on n'entend pas. C'est en fait à elle qu'on aimerait donner "un petit peu plus" puisqu'elle chante avec un pull orné d'un très joli trou au niveau du sein gauche (droit à l'écran). Le regard que lui lance Anne, apercevant sans doute l'accroc, est sans appel : elle est outrée.
Nous saurons, deux scènes plus loin, qu'il s'agit, d'après elle, de la meilleure chanson du show, ce qui laisse perplexe sur toutes celles qu'on n'entend pas. C'est en fait à elle qu'on aimerait donner "un petit peu plus" puisqu'elle chante avec un pull orné d'un très joli trou au niveau du sein gauche (droit à l'écran). Le regard que lui lance Anne, apercevant sans doute l'accroc, est sans appel : elle est outrée.
Ce n'est pas Patty Duke qui chante mais Gail Heideman qui la double, ce qu'elle aurait du continuer à faire lorsque Patty eut l'idée étrange d'enregistrer elle-même les chansons du film sur un album entier, montrant au monde qu'elle possède ce qu'on reproche d'ailleurs à son personnage lors de son escapade à San Francisco : une voix de grenouille.
"It's impossible"
Renvoyée du show qui devait faire d'elle une star par la très méchante Helen Lawson, Patty Duke/Neely O'Hara ne reste pas longtemps sans activité puisque l'avocat pour lequel travaille Anne lui fait parvenir la partition d'une chanson qu'elle va devoir chanter le soir même lors d'un téléthon à la télévision. Ce titre porte bien son nom puisqu'il est "impossible" à chanter, une étrange mélodie qui monte, monte, monte pour n'aller nulle part, en tout cas pas au refrain que tout le monde attend et qui n'arrive jamais. Il y est en gros question d'"être une ratée, de ne pas réussir car c'est impossible dans ce monde mais c'est peut-être le jour alors si tu me le dis, moi je dis oui".
Autant le dire, il s'agit d'un des deux grands morceaux d'anthologie musicale de "La Vallée des Poupées", tout d'abord parce que Patty Duke chante, en permanence encadrée par des panneaux proclamant "Luttons contre la fibrose kistique" et que l'accessoiriste a eu l'idée ingénieuse d'accessoiriser sa tenue de deux colliers qui se balancent tout au long du morceau jusqu'à ce qu'ils se séparent et se mettent à entourer délicatement chacun de ses seins. Un appel à l'arrêt sur image. Et grâce à cette prestation, Neely devient enfin une star.
"Come live with me"
Rendons à Cesar, c'est la seule fois dans le film qu'un acteur chante vraiment et c'est donc Tony Scotti que nous félicitons pour son organe, qu'il n'utilisera guère souvent, il préfèrera se consacrer à une carrière de producteur et accessoirement il épousera Sylvie Vartan. Pour fêter son triomphe lors du téléthon, Patty/Neely se rend dans le dernier night-club à la mode où se produit Tony Polar, Tony Scotti donc, qui se lance dans ce qui semble être son grand succès et qui nous explique que : " l'amour est une fleur qui ne vit qu'une heure, puis se fâne et meurt. Quel est donc la récompense ? Pardonne-moi mon amour si je me moque de l'amour mais j'ai essayé d'aimer aussi je te dis : viens vivre avec moi, juste pour un moment". Prémonition ? Tony découvrira, après avoir épousé Sharon Tate qui incarne Jennifer North, la showgirl sans talent et qui ne possède qu'un corps, que ses jours sont comptés, il finira dans un centre de soins, atteint d'une mystérieuse maladie dégénératrice.
Si la chanson est étrange, c'est à dire en plus des paroles assez confuses quant au message qu'elles délivrent, c'est que Tony chante surmonté d'un lustre dont les tiges ressemblent au micro qu'il tient fermement en main. Mais ce qui est le plus étrange, ce sont les plans de coupe sur une femme mystérieuse, attablée dans le coin le plus improbable de la salle ( l'entrée des toilettes, de la cuisine, des loges ?), imperturbable, jusqu'à ce qu'on découvre qu'il s'agit de la soeur de Tony, Myriam, extraordinaire Lee Grant qui semble traverser le film comme si elle était sur scène dans Phèdre. Autant d'éléments qui dissuaderait n'importe qui d'aller justement vivre avec Tony, "même pour un moment".
"I'll plant my own tree"
Pour la dernière chanson du film, alors que seulement 30 minutes se sont écoulées, nous touchons au nirvana, à l'essence même de "La Vallée des Poupées". Les trois héroïnes Neely, Anne et Jennifer étant en bonne voie sur le chemin de la réussite (avant de connaître les affres de la drogue et de l'alcool), il ne reste plus qu'à Helen Lawson de nous montrer ce dont elle est capable. Présentée depuis le début du film comme la plus grande star de Broadway, il lui fallait un numéro et une chanson à la hauteur de ce qu'on dit d'elle. La chanson composée par Dory et André sera élue par Entertainment Weekly "pire chanson de film de tous les temps".
Pourquoi est-ce un sommet ? Tout d'abord parce pour sa grande scène in situ, Helen est seule sur scène, enfin presque seule : un mobile façon Calder en plastique multicolore tourne autour d'elle pendant toute la chanson. Il suffit d'ailleurs d'observer la réaction des spectateurs alors que le rideau s'ouvre : ils semblent savoir qu'ils vont assister à quelque chose de... différent. Notons d'ailleurs le visage de la femme en tailleur bleu à droite de l'écran qui exprime quelque chose comme "Mais qu'est-ce que c'est ?"
Pendant son numéro, Susan Hayward est doublée dans le film par Margaret Whiting, ancienne star des années 40 et sur disque par Eileen Wilson, grande doubleuse hollywoodienne.
Est-ce parce que cela mènerait quiconque à une sorte de schizophrénie, elle se livre pendant de son numéro à d'étonnantes contorsions qui donnent l'impression que si son buste est dans l'hémisphère Nord, son bassin est déjà dans l'hémisphère Sud.
Mais surtout, il y a les paroles ! Ce pourrait être un sujet de thèse, on pourrait sans doute y passer des années, on y a peut-être passé des années : il est impossible de savoir de quoi il est question dans cette chansons. En anglais ça donne ça :
"I’ll plant my own tree and I’ll make it grow. My tree will not be just one in a row. My tree will offer shade when strangers go by. If you’re a stranger, brother, well so am I. Come tomorrow all that I see is my tree, oh, Lord, what a sight. Let someone stop me and I will put up a fight. It’s my yard so I’ll try hard to welcome friends I have yet to know. Oh, I’ll plant my own tree, my own tree, and I’ll make it grow."
Et en français :
"Je vais planter mon propre arbre et je vais le faire pousser. Mon arbre ne sera pas qu'un arbre dans une rangée. Mon arbre offrira de l'ombre aux étrangers qui passent. Si tu es un étranger mon frère, moi aussi. Que demain vienne, tout ce que je vois c'est mon arbre, oh, Dieu, quelle belle vue. Que quelqu'un m'arrête et je déclencherai une bagarre. C'est mon lopin donc je vais faire mon possible pour accueillir les amis dont je dois encore faire connaissance. Oh je vais planter mon propre arbre, mon propre arbre et je vais le faire pousser."
On comprend donc pourquoi Helen Lawson est une grand star, ce dont Susan Hayward est convaincue puisqu'à la fin de la chanson, transportée, elle laisse sa bouche grande ouverte facilement 15 secondes après que la dernière note ne soit finie.
Finalement, 5 chansons c'est peu, mais dans le cas de "La vallée des Poupées", on peut dire que c'est beaucoup. En tout cas c'est assez. Entre les identités multiples des interprètes, les décors déconcertants, les mises en scène improbables et surtout les paroles très mystérieuses de Dory Prévin, il y a de quoi nous occuper encore longtemps. Et si ça, ce n'est pas suave comme activité...
dimanche 28 juin 2009
Le string de la semaine
Une activité suave à laquelle on ne pense pas toujours : le ski nautique.
Il commence à faire chaud, les prédictions les plus optimistes nous annoncent même pour cet été une mini canicule, l'occasion de redécouvrir cette activité un peu tombée dans l'oubli et pourtant si suave : le ski nautique.
Contrairement à l'équitation ou à la formule 3000, ce sport ne nécessite pas de s'endetter en équipements couteux, il suffit d'un plan d'eau, d'une cordelette, de deux skis et le tour est joué. Certains ajouteront, quelques mauvais coucheurs, et un bateau ! Mais enfin, qui n'a pas ça dans son entourage ? Et au pire, un pédalo bien lancé fera l'affaire.
Donc allons-y, seul, à deux, trois, douze, en couple ( plus périlleux) et même si vous avez dans vos amis une chauve-souris jaune. Mais un conseil : soignez le maillot, c'est ce qui fera toute la différence.
samedi 27 juin 2009
Claudette Colbert nous apprend à arrêter de fumer.
Joan Crawford ou comment être suave en restant assise.
Imaginons que vous soyez une grande actrice à la carrière légèrement derrière vous, que vous vous soyez tenue éloignée des plateaux pendant deux ans au profit d'une boisson gazeuse dont vous avez décidé de devenir la porte parole après en avoir épousé le pdg et que tout cela s'arrête parce que votre époux à la sotte idée de mourir sans prévenir. Vous devez alors envisager de reprendre le travail pour lequel vous êtes faite, de toutes les façons vous ne savez pas vraiment faire autre chose, mais les rôles ne viennent pas.
Qu'à cela ne tienne, en bon petit soldat que vous êtes, vous retroussez vos manches, bien décidée à tirer le meilleur parti de la première chose qui se présentera à vous. C'est un second rôle ? Soit, ce sera le premier depuis 1927 et nous sommes en 1959 mais vous savez qu'il n'y a pas de petits rôles à condition de savoir y faire. Vous êtes supposée être assise à chacune de vos apparitions ? Ce n'est pas un problème, votre buste est aussi expressif que vos jambes et qui dit buste, dit bras et qui dit bras dit mains, votre meilleur atout pour saisir le moindre accessoire qui se présentera. Cela semble anecdotique, ça ne l'est pas : un téléphone, une cigarette ou même une valisette sont les meilleures alliés d'une actrice qui n'a pas grand chose à faire dans une scène. Heureusement vous devez incarner une puissante éditrice et cela veut dire : une garde-robe en conséquence. Finalement vous vous dîtes donc que c'est jouable.
Cela donne "The Best of Everything", réalisé pour la Fox par Jean Negulesco, avec occasionnellement Louis Jourdan, Bob Evans, Hope Lange, Suzy Parker et Diane Baker. De toutes les façons le reste de la distribution n'a aucune importance puisque vous avez négocié d'être bien à part au générique.
A vous de montrer tout ce qu'une femme assise derrière un bureau peut faire pour attirer l'attention !
La première apparition est importante : souriez, montrez que vous êtes occupée, par exemple manipulez un livre.
Vous devez téléphoner : pensez à jouer avec le cordon, cela apportera de la vie à la scène, et au cas où ça ne soit pas suffisant, pensez à demander à la costumière une broche qu'on peut voir au minimum depuis San Francisco.
Le simple fait de fumer une cigarette ne doit pas mobiliser que vos mains : fumez avec votre torse en trouvant une position adéquate.
Même si vous ne fumez pas, le torse ! Toujours le torse ! Aidez-vous pour cela du décor !
Pourquoi une valise, on ne le sait pas mais une valise possède des boutons à ouvrir et vous avez justement la plus divine des manucures et un assez joli bracelet de perles.
Et juste au cas où : vérifiez que la bande annonce reflète bien votre travail dans le film : vous êtes assise, occupée, vous triturez le cordon et il est bien indiqué que vous n'êtes pas n'importe qui mais AMANDA FARROW.
Finalement, vous vous dîtes que vous ne vous en êtes pas mal sortie !
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