mardi 23 juillet 2024

Et maintenant chantons.


Composée en 1947, la chanson "You came a long way from St Louis" n'était pas destinée à grand chose, puisqu'elle n'était à l'origine qu'une des énièmes créations du tandem John Benson Brooks pour la musique et Bob Russell pour les paroles, qui en cette fin des années 40, produisait à la chaine des titres en espérant qu'un d'entre eux parvienne quelque part. 

Sans être des inconnus, les deux auteurs n'étaient pas non plus des superstars de la musique. Benson Brooks avait déjà vendu quelques titres à Tommy Dorsey pendant la guerre mais aucun tube n'en était sorti. Quant à Bob Russell, il était surtout recherché comme adaptateur, depuis qu'en 1942, il s'était chargé des paroles en anglais de "Brasil" puis avait ajouté des mots à un instrumental de Duke Ellington, qui deviendra "Do nothing 'till you hear from me", carton absolu pour Woody Hermann en 1944.    

Ainsi, ils sont plutôt satisfaits lorsqu'ils apprennent par leur maison d'édition que "You came a long way from St Louis" a été vendu à Ray McKinley, batteur, chanteur mais surtout légataire universel de Glenn Miller, et qu'elle va donc se retrouver en face B de son prochain 2 titres. Une chanson enregistrée, ce sont des droits d'auteurs. Voilà donc une bonne chose de faite et maintenant passons à autre chose. 


On imagine aisément que les deux auteurs n'ont pas non plus sablé le champagne lorsque des droits sont tombés, suite à la reprise de leur chanson par Bing Crosby et Peggy Lee à l'occasion d'un show radiophonique comme il y en avait des centaines en 1948. Ils étaient sans doute plus occupés à tenter de composer un succès. Mis à part ses deux enregistrements, la chanson n'intéresse globalement personne. 

Il faut dire que les paroles de "You came a long way from St Louis" sont un peu étonnantes : un narrateur, mais qui peut tout autant être une narratrice, démasque un ou une intrigante, en train de grimper rapidement l'échelle sociale grâce à son charme et ses mensonges, en lui rappelant qu'il ou elle, est aussi de St Louis et n'est pas dupe de ses stratagèmes pour intégrer les hautes sphères. En fait c'est la confrontation de "Bel-Ami", si Georges Duroy était né dans le Missouri. 

Les années 40 s'achèvent, les années 50 débutent et toujours rien, si ce n'est une version de Pearl Bailey en 1957 sur un de ces albums concepts qu'on adore à l'orée des années 60 : Carmen McRae enregistrera tout un album sur les oiseaux, Julie London sur les saisons. Pearl, elle, évoque les voyages et fait donc une halte à St Louis. L'album passera inaperçu... sauf auprès de Bing Crosby, justement en préparation d'un concept album sur.. les voyages ! Il a déjà chanté "You came a long way" avec Peggy Lee, il a cette fois à ses côtés Rosemary Clooney et cela donne ceci. Nous sommes en 1958, pile 10 ans après la création de la chanson. 


Suaves visiteurs, la vie de "You came a long way from St Louis" ne sera plus jamais la même après cela. 

2 commentaires:

Gatsby a dit…

Les albums concepts, tiens, il y a sûrement matière à en tirer quelque chose d'intéressant, non ? Personnellement, j'adore le "Calendar girl" de Julie London que vous évoquez...

Gatsby a dit…

Merci pour cet épatant rappel, comment ai-je pu passer à côté ?!??