dimanche 10 avril 2016

C'est samedi : soyons musical !






















Cette semaine, les mp3 du weekend ne sont pas peu fiers de vous offrir ce qui est peut-être l'une des choses les plus enthousiasmantes que nous ayons entendu depuis longtemps. Enregistré pourtant en 1969, il est définitivement incompréhensible que nous ne soyons que récemment entré en collision avec les Jumping Jacques. Mais c'est aussi cela, la vie, et une nouvelle raison de se lever le matin : chaque jour, n'apprend-on pas quelque chose ? 

Suaves visiteurs, accrochez-vous : les Jumping Jacques vont vous faire remonter jusqu'à une époque bénie où des voix d'or enregistraient dans l'anonymat le plus total et où Francis Lemarque se révélait totalement groovy. C'est fou, c'est vocal, c'est suave. 


































Mais commençons par un peu de rigueur. A l'origine des Jumping Jacques se trouve Jacques Hendrix, d'où le "Jacques", chanteur et arrangeur, qui à la tête du "Jacques Hendrix et son orchestre", enregistra dans les années 60 une certaine quantité de disques de danse. 

La moustache fringante et le cheveu discipliné, Jacques ne se contenta pas d'enflammer les pistes avec de nouvelles danses insensées, non, même si c'était déjà très louable comme intention. 























De façon relativement anonyme, Jacques Hendrix prêta également sa voix, son sens du rythme et son impeccable technique de déchiffrage musical aux très nombreux groupes vocaux qui fleurirent en France à partir du milieu des années 50. 

L'histoire de ce mouvement est assez facile à retracer puisqu'elle tient en trois dates fondatrices : 1954, les Blue Stars of France de Blossom Dearie, 1959, les Double Six de Mimi Perrin et 1962, les Swingle Singers de Ward Single. 


















Devant le succès invraisemblable rencontré par ces formations (4 Grammy awards pour les Swingle Singers...), la plupart des maisons de disques françaises lancèrent, au choix, leur quintet, leur octuor, voire équipes de foot : les Barclays étaient 24 n'en étaient que plus joyeux. Et les chanteurs passaient allègrement d'une formation à une autre, ce qui ne posait aucun problème puisque les noms étaient rarement indiqués. 

Accompagnant des vedettes confirmées ou gravant occasionnellement quelques vinyles à leurs noms, ces groupes avaient tout de même la particularité de reposer sur des organes incomparables, des ultra professionnels de l'enregistrement dont nous ne nous lassons pas d'égrener les patronymes : Christiane Legrand, Danièle Licari, Mimi Perrin, Anne Germain, Janine de Waleyne pour n'évoquer que les voix féminines. Un rêve. 
























Comme il est difficile de laisser dans l'ombre des talents bien trop grands pour se contenter des quatre murs d'un studio, certaines de ces voix furent enfin associées à un visage. Seule Anne Germain resta relativement dans la confidentialité, même si elle demeure le timbre le plus connu des chanteuses anonymes : Catherine Deneuve dans "Les demoiselles" ou "Peau d'âne", "L'île aux enfants", les chansons invraisemblables de Jean Yanne dans "Tout le monde il est beau...". Un palmarès imbattable s'il en est. 

Mais revenons à Jacques Hendrix dont vous vous dites sans doute que nous l'avons un peu perdu. Membre des Angels, qui chantèrent régulièrement derrière Line Renaud, Jacques eut un jour de 1968 une idée folle : créer son propre ensemble vocal dont la particularité serait de ne chanter que des onomatopées. Avec l'aide, entre autre, d'Anne Germain et de Jean Stout, incroyable basse qu'on entend sur à peu près tout ce qui a été enregistré dans les années 60, 70 et même sur certains titres de Dorothée (?!), il sort "The jumping Jacques" et cela donne ceci : 


Si le mot que vous cherchez est "expérimental", vous comprenez pourquoi ce premier effort passa relativement inaperçu, bien qu'il ait été produit par une maison honnête, les disques Festival (Marie Laforêt, les Surfs) et Francis Lemarque, alors très loin des faubourgs parisiens et des ritournelles de la Butte.

Un an plus tard en 1969, sortait l'album "Sugar and Spice", cette fois chez l'énorme Polydor, et dont nous pouvons dire qu'il est parfait. Jacques tira-t-il quelques leçons du premier opus ? Francis fut-il particulièrement inspiré par la BO de "Playtime" de Tati qu'il avait composé ? Devons-nous supputer une intervention divine ? Peut-être un peu de tout cela à la fois.





Idéal pour vaquer à des occupations domestiques, rouler dans les limitations autorisées sur l'autoroute ou pour accompagner un pique-nique aux beaux jours (ou en ce moment même si vous êtes équipés de Kway), "Sugar and Spice" des Jumping Jacques est l'album qui vous manquait pour être heureux, un condensé de 1969 qui ne serait jamais entré dans un tube. 






















Chantez, dansez, aimez sur ces 12 merveilles dont pas une n'est à écarter. Tel est notre cadeau du jour. Ne dîtes rien, juste "merci Jacques". 













Et pour télécharger tous ces tchakaboom et ces doodoobee au format zip, vous savez comment faire. 

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci pour cet excellent et enthousiasmant album. Depuis deux jours je l'écoute en boucle.
Et sinon, que devient Danielle Licari ?

LouisD

★Bruno Lucas☆ a dit…

Thank you for the music. C'est sensassssss !

soyons-suave a dit…

Il semblerait, Louis, que Danielle, à 72 ans, ait pris sa retraite, après un dernier album en 1995 et une deuxième carrière de professeur de chant.
Bruno, comme d'habitude : notre plaisir :)