dimanche 30 octobre 2011

Les très suaves heures de l'histoire contemporaine : le jour où Fabian retrouva son nom de famille mais perdit son slip.



En 1973, la carrière de Fabian, l'ancienne idole des adolescentes de la fin des années 50, est littéralement dans un cul de sac. Après avoir déchaîné les foules, Fabian a subi comme la plupart de ses congénères la folie Beatles et de façon plus générale l'invasion britannique. Star adulée en 1959, dès 1962 et après 11 tubes consécutifs, il ne vendait plus un vinyle.

Est-ce pour autant qu'il envisaga de se mettre la tête dans le four ? Point du tout ! Signant dès 1960 un contrat de 7 ans avec la Fox, il était parvenu à devenir un jeune premier convaincant. Son visage n'illustrait plus les unes de la presse musicale ? Il se rassurait avec les magazines de cinéma.




Il est indéniable que Fabian était plus à l'aise devant les caméras que derrière un micro. Sa carrière de chanteur avait presque été une plaisanterie et il est toujours, pour certains, l'heureux détenteur du titre envié de "Pire chanteur de tous les temps". Comment se fait-il qu'il ait cependant vendu des millions de disques ? C'est en fait assez simple. Il est devenu populaire dès ses premières apparitions à la télévision où ses grands yeux et sa banane ont joué pour lui.

Et puis ses producteurs, qui ne cachent pas l'avoir lancé comme Mattel sortirait un nouveau Ken, ont largement abusé du système "Payola" qui sera plus tard dénoncé et interdit par le Congrès américain. Il s'agissait ni plus ni moins que de payer les stations de radio pour qu'elles passent un artiste. Omniprésent sur les écrans et sur les ondes, Fabian est devenu une idole, dans un marché pourtant en apparence saturé.

Frankie

Ricky

Pat

Comment déjà ?

Vu de l'autre coté de l'Atlantique, on peut s'étonner qu'au même moment, la jeunesse américaine ait fait un triomphe à Frankie Avalon, Ricky Nelson, Pat Boone et, bien sûr, Elvis Presley, sans compter les succédanés plus ou moins éphémères qui suivirent. Mais n'oublions pas que plus ou moins au même moment nous trouvions, dans l'hexagone, de la place pour Sylvie, Françoise, France et Sheila sans pour autant avoir l'impression qu'elles étaient interchangeables.

Pat était donc le gendre idéal, Elvis le king, les deux loin devant Frankie, le rigolo des beach movies et Ricky le prince des ballades. Fabian, qui n'eut jamais l'honneur de décrocher un numero 1 et dut se contenter de la troisième place des charts au mieux de sa forme était quelque part au milieu, plus joli que Frankie ou Pat, moins "dangereux" qu'Elvis, plus accessible que Ricky.


Attention, cette vidéo peut être douloureuse...

Chantant "passablement", il va se retrouver au cinéma face à quelques géants qui salueront unanimement sa gentillesse. John Wayne, James Stewart, Bing Crosby, Peter Lorre, Vincent Price : si Fabian n'est jamais en tête d'affiche, il supporte assez bien le poids de ces superstars mais les choses se gâtent après "Le jour le plus long" dans lequel il figure comme les deux tiers d'Hollywood.

Entre 1965 et 1970, Fabian va avoir la malchance d'enchaîner une adaptation des "10 petits nègres" d'A. Christie dans laquelle il est le premier à mourir, un sous-James Bond réalisé par Mario Bava en Italie, deux films mettant en scène des courses de voitures, une production sur les méfaits de la drogue à l'école et une copie des "12 salopards". Point commun de tous ces films : personne ne va les voir.




Carrière musicale au point mort, filmographie à la dérive, Fabian avait de toute évidence senti qu'il fallait faire quelque chose dès 1970 puisque, et c'est l'un des rares intérêt de ce film surfant sur le succès de "Bonnie and Clyde", il avait insisté pour que son nom dans son intégralité figure sur l'affiche de "A bullet for the pretty boy". Pour la première fois Fabian devenait Fabian Forte, signe d'une évolution similaire à la décision de Karen Cheryl de devenir Isabelle Morizet ou de Zabou de révéler son Breitman.

Et c'est sous cette identité retrouvée qu'il va prendre la plus étrange décision depuis Raquel Welch pensant qu'on la prendrait enfin pour une actrice sérieuse en jouant un transsexuel dans "Myra Breckinridge" : poser nu dans Playgirl !


Fraîchement crée cette même année 1973 dans une volonté de participer à la vague féministe, Playgirl était l'alternative aux magazines de charme pour hommes et proposait enfin à un lectorat à priori féminin, des hommes objets. Dès son deuxième numéro, il avait permis d'observer plus en détail l'anatomie de George Maharis que, jusque là, seuls quelques messieurs avaient pu admirer mais c'est une autre histoire.

Se disant que finalement rien ne vaut un coup publicitaire fracassant pour revenir dans la lumière, Fabian Forte tombe donc le slip dans le numéro de septembre. Et voilà ce que cela donne :






Si poser nu est aujourd'hui aussi banal qu'ennuyeux, en 1973 il en va tout autrement. La séance de Fabian pour Playgirl fera bien parler d'elle mais pas dans le bon sens dans la mesure où elle finira de poser les clous sur le cercueil de sa carrière. Avec un peu de recul, Fabian lui-même considérera cette décision comme l'une des plus stupides de sa vie.

Heureusement lorsque tout espoir est perdu, il reste "la croisière s'amuse". Devenu une simple célébrité, Fabian Forte, son nom et ses sous-vêtements retrouvés, va s'engager sur la route bienfaitrice des séries tv et connaître les bonheurs sans équivalent des sitcoms et même de "l'île fantastique". Il remontera sur scène dans les années 80 aux côtés de... Frankie Avalon dans un équivalent avant l'heure de la tournée "Age tendre et tête de bois". Il milite aujourd'hui contre le diabète.

2 commentaires:

Jérôme (moins anonyme) a dit…

Heu mais même physiquement, il n'était pas terrible, non?

soyons-suave a dit…

Un charme d'un autre temps ?