Composée en 1968 pour Marvin Gaye et Tammi Terrell, "You're all I need to get by" est à la fois une merveilleuse histoire et un mélodrame surpassant peut-être "Les deux orphelines". Pour ce qui est du conte de fée, le titre prouva que oui, Valerie Simpson et Nicholas Ashford étaient bien des compositeurs et des producteurs de génie.
Lorsqu'en 1967, fraichement débarqués chez Motown, ils livraient, déjà pour Marvin et Tammy, "Ain't no mountain high enough" et "Your precious love", on supposa la chance du débutant. Mais quand un an plus tard, ils offrirent au même duo "Ain't nothing like the real thing" et "You're all I need", cela mit tout le monde d'accord, d'autant que "All I need" monta jusqu'à la première place des charts et propulsa Gaye et Terrell dans la légende.
Mais sur une note beaucoup plus triste, entre 1967 et 1968, on diagnostiqua à Tammi la tumeur au cerveau qui allait l'emporter en 1970 à tout juste 24 ans. L'enregistrement de "You're all I need to get by", en gros "Tu es tout ce dont j'ai besoin pour avancer" se révéla prémonitoire puisque Terrell ne parvint au bout de la session qu'en se reposant sur l'énergie et le soutien de Marvin Gaye, désespéré.
Lorsqu'en 1969, Motown, devant leur phénoménal succès, força Gaye et Terrell à retourner en studio pour un troisième album de duo, tout le monde savait que Tammi n'était plus en état de chanter, déjà confinée dans une chaise roulante et pratiquement aveugle. L'histoire raconte que c'est en fait Valerie Simpson qui chante sur l'intégralité des titres, dans le plus grand secret évidemment, afin d'assurer à la famille de Terrell une source de revenus pour payer ses opérations.
Quoi qu'il en soit, après la mort de Terrell, Gaye gardera une rancoeur tenace envers Motown et Ashford et Simpson quitteront le label, qui refusait d'ailleurs de promouvoir dignement les albums solos de Valerie Simpson. Elle rapportait alors beaucoup d'argent comme compositrice, un succès comme chanteuse impliquait qu'elle garderait sans doute ses meilleurs titres pour elle. Ce qu'elle fit de toutes les façons en partant.
Vous n'ignorez pas, suaves visiteurs, que nous vénérons Ashford et Simpson, dont le catalogue de tubes inciterait au respect même le plus grand fan de Gojira. En 1982, ils reprenaient lors d'un de leurs concerts à Londres "You're all I need to get by". Chanté par les compositeurs, un titre a forcément une saveur particulière. Nous verrons de toutes les façons cette semaine que ce titre là en particulier, indépendamment des interprètes, est toujours formidable. C'est aussi cela, la magie des tubes.
Sans compter qu'avec son petit air coquin et son débardeur pailleté, Nicholas Ashford nous a toujours semblé très suave, non ?
Ne l'avez-vous pas chantée à votre mariage ?
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