Avec plus de 40 versions enregistrées dans les 3-4 ans qui vont suivre son introduction au monde sur la scène du Shubert Theater de New York en 1975, "What I did for love", et son auteur Marvin Hamslisch, n'ont pas à se plaindre. Tout va bien, à un détail près : ne manquerait-il pas au titre un petit supplément d'âme, un peu de soul donc, éventuellement un peu de groove même, afin d'éviter, ce que font la plupart des chanteurs qui s'emparent du titre : virer totalement dans le pathos ?
En 1977, Aretha Franklin vit sous une perpétuelle douche écossaise, ce qui n'est jamais très agréable. Car depuis son album gospel en 1972, miss Franklin alterne les bides et les succès. Et de façon plus inquiétante, deux albums consécutifs ont été des échecs, ceux de 1974 et 75. Mais en 1976 arrive la BO de "Sparkle" qui va la remettre en selle.
Battant le fer, elle se dépêche d'enregistrer en 1977 un disque avec des producteurs de la Motown. "What I did for love" sera la 3e piste de "Sweet passion". C'est malheureusement de nouveau un échec.
Formé comme une alternative aux Supremes au milieu des années 60, The Three Degrees ne va vraiment connaitre le succès que dans les années 70 mais avec des tubes majeurs, régulièrement placés dans le top 10 des ventes aux USA et surtout en Angleterre. Originaires de Philadelphie, ses trois membres vont tenter un coup de poker en 1977 : quitter le studio qui a fait leur popularité et signer dans une maison de disque plus importante, Epic, afin de viser la gloire internationale.
Hélas, l'album "Standing up for love" n'atteindra pas sa cible, mais cela n'était-il pas prévisible avec des titres comme "Macaroni man" qui ne devint même pas un tube en Italie.
En 1978, The Three Degrees s'envolera pour l'Allemagne afin de travailler avec Giorgio Moroder, qui venait de mettre en orbite Donna Summer. Elles seront désormais disco, et ne seront pas les seules.
Qui est donc Grace Jones en 1977 ? Certainement pas encore la disco diva qu'elle sera au tournant des années 80 mais simplement un mannequin plutôt en vue, qui défile à Paris, partage un appartement avec Jerry Hall et danse avec Karl Lagerfeld au mythique "Le 7" rue Fontaine.
Elle a déjà tâté de la chanson en enregistrant un titre dont elle a signé les paroles, sur une musique du futur partenaire d'Eddy Mitchell, Pierre Papadiamandis. Cela s'appelle "I need a man" et cela n'a eu aucun succès en France où le single est sorti. Mais en 77, Grace Jones signe chez Island Record, est prise en main par le génial producteur Tom Moulton et alors tout s'enflamme.
Son tout premier album, "Portfolio", ne comprend que 6 titres mais 2 deviendront des tubes immenses dans les discothèques du monde entier : "I need a man", totalement remixé et évidemment "La Vie en rose". Quant à "What I did for love", il n'ira nulle part, laissant presque planer l'idée d'une malédiction.
C'est finalement en Australie en août 1977 que le mauvais sort va être rompu : une artiste arrive en effet à enfin placer "What I did for love" dans le top 10. Elle s'appelle Marcia Hines, elle est américaine et a littéralement été importée des USA par un producteur australien cherchant des voix pour monter "Hair" à Sidney.
Elle a 16 ans lorsqu'elle arrive aux antipodes et ne repartira jamais, devenant au pays des kangourous une superstar, n'ayant à vrai dire aucune concurrence dans sa catégorie de chanteuse soul : pensez Vivian Reed en France à la même période.
En 3 ans, Marcia va aligner 5 titres dans les charts australiens, du jamais vu, et offrir à l'hémisphère sud sa version définitive de "What I did for love". Vous a-t-on précisé qu'elle est la cousine de Grace Jones ? Bien sûr que nous l'avons fait, c'était même en 2017 dans ce charmant billet. Et maintenant dansons !
Marcia Hines was a phenomenon here in Australia in the 1970s - and she is still very active in performing and TV.
RépondreSupprimerSoSu, on vous lit jusqu'en Australie, dites donc...mais je n'ai jamais douté de votre stature internationale. Let's make suavity great again, everywhere and for everyone !
RépondreSupprimer(oui, je sais, suavity en anglais n'a pas tout à fait le même sens que suavité en français, mais bon, vous me comprenez)