C'est samedi : soyons musical !

La chose vous est certainement déjà arrivée : un jour, sans savoir comment ni pourquoi, vous tombez sur un disque dont vous aviez oublié jusqu'à l'existence et que pourtant, en son temps, vous avez usé jusqu'au dernier sillon. Le moment des retrouvailles est fortement émouvant mais aussitôt teinté de culpabilité : oui votre amour était sincère et pourtant vous y avez mis fin. Vous êtes un monstre, inconstant et volage. Comment vous rattraper ? 

Ce sera à chacun de trouver la solution à une telle situation, heureusement pour l'équipe de Soyons-Suave, il y a les mp3 du weekend, qui seront donc consacrés à une ancienne idylle honteusement remisée on ne sait où : Bob James ! 

Né en 1939, Bob James commencera une carrière de pianiste qui l'amènera pendant quelques années à accompagner Sarah Vaughan jusqu'à ce qu'il découvre le clavier, c'est à dire le synthétiseur et une envie profonde de faire de la fusion. La définition du dernier terme étant de fondre en une seule entité plusieurs entités, ce sont le jazz et la pop que Bob aura subitement le désir d'unir, au moment même où d'autres ont le même désir. 

Préparez-vous à un flashback seventies : Bob va ainsi se retrouver à travailler avec des gens aussi suaves que Groover Washington Jr, Stanley Turrentine et David Sanborn (oui, Bob aime le saxophone). Sans le savoir ces gens sont en train de donner naissance à un genre qui va littéralement monopoliser les années 80 et 90 : le Smooth Jazz. 

Si l'on ne croit les centaines de compilations disponibles aujourd'hui, le Smooth Jazz est une musique qui s'écoute en prenant un cocktail ou un café et peut s'attaquer à n'importe quoi. En fait le Smooth Jazz serait plus un état esprit qu'un genre à proprement parler : une musique qui refuse la violence, qui n'hésite pas à faire de la place à un solo de saxo et accompagne aussi bien une bonne séance de ménage qu'une autre de jambes en l'air. 

Et à ce titre, Bob James entre parfaitement dans cette définition, si ce n'est qu'il fut l'un des pionniers du genre, un homme sincère qui croyait qu'on pouvait sans danger convertir l'oreille néophyte au jazz en l'arrondissant quelque peu. Il n'en vit pas le danger : l'ennui. A la fin des années 90, on n'en pouvait plus des rythmiques molles et des mélodies Bontempi. Le Smooth Jazz venait de devenir la nouvelle musique d'ascenseur. Le Smooth Jazz était out. 

Bon James eut des dizaines de hits parmi lesquels le générique de la série "Taxi", immense succès qui lança les carrières de Tony Danza et Danny DeVito et il détient un record très surprenant : il est en effet l'un des compositeurs les plus pillés par les rappeurs, y compris les plus hardcore.

Difficile par conséquent de choisir un album en particulier parmi son impressionnante production ? Point du tout : deux disques en particulier sont chers à nos coeurs, "Foxie" qui date de 1983 pour sa pochette désopilante mais surtout "Hands down", 1982, le chef-d'oeuvre.

C'est évidemment celui-ci que nous vous proposons aujourd'hui, un peu comme si nous livrions une part de nous-mêmes, un peu comme si nous vous confessions que, oui, même Soyons-Suave eut un jour les cheveux courts devant et longs derrière, aima les jeans neige et les jambières fluo. Un revival que vous saurez apprécier selon les pistes figurant sur le dos de pochette ci-dessus.

Et pour téléchargez tout ce smooth au format zip, vous savez comment faire.