C'est samedi : soyons musical !

Les mp3 du weekend se mettent aujourd'hui en mode polar et un peu jazzy, tout en rendant hommage à Johnny Mandel, surnommé le dernier géant d'Hollywood, le dinosaure ou encore l'homme qui a survécu à Henry Mancini. 

Vous comprendrez puisqu'il est question d'âge dans tout cela que Johnny est toujours vivant et plus tout frais. Né en 1925, il lui arrive encore de sortir de sa demeure à Malibu pour diriger un orchestre. Bravo Johnny et honte à toi Wikipedia qui ne lui consacre que quelques lignes. 

Johnny Mandel doit une partie de sa célébrité au fait qu'il ait côtoyé tout le show-business américain, commençant comme musicien derrière June Christie ou dans l'orchestre de Count Basie à la fin des années 40 et signant, c'est son dernier travail référencé, plusieurs arrangements pour l'album "jazz et intime" de Barbra en 2009. 

Entre 1949 et 2009, Johnny a dirigé, arrangé, composé, joué. Il a oeuvré pour des big-bands, pour la télévision, arrangé des shows entiers à Las Vegas. Il a été responsable de plusieurs albums pour Sinatra, Peggy Lee, Anita O'Day et il a surtout signé deux tubes intemporels, qui suffisent à se dire que l'on peut mourir tranquille. 

Que ses deux succès mondiaux soient tirés de bandes originales de film n'est pas un hasard, Johnny Mandel en composa des pelletées, assez facilement identifiables pour que l'on puisse parler d'un style Mandel où il est toujours question de jazz. 

Car voilà la nature profonde de cet homme : il a le jazz dans le sang, ce qu'il prouva dès 1958 avec la BO de "Je veux vivre", toujours considérée comme la première intrusion jazzy à Hollywood. 

Pour revenir à ce qui nous intéresse aujourd'hui, il faut remonter en 1966 et au film "Harper", alias "The moving target" alias "Detective story", et seulement  et uniquement dans les pays anglo-saxons ce qui en fait l'un des films possédant le plus de titres différents dans sa propre langue. 

Pourquoi cela ? Des questions de droits. Le film est l'adaptation d'une série de romans de Ross MacDonald et de son détective vedette Lew Archer. Les producteurs achetèrent l'histoire d'un roman mais ni son titre, ni le nom du personnage principal, voilà comment Archer devint Harper. Les distributeurs du film durent cependant payer pour le distribuer en Angleterre. Harper put donc reprendre le nom du roman dont il était tiré, "The moving target". L'Australie eut droit, elle, à Detective story" pour des raisons que nous ignorons mais dont nous ne doutons pas qu'elles sont passionnantes.  

Anyway... si "Harper" est l'un des films de Paul Newman les plus invisibles malgré son casting ébouriffant, la bande son signée Mandel est absolument formidable, mêlant, comme il se doit en 1966, groove et jazz, bossa et touche Tijuana, à l'image de l'irrésistible "Mexican Breakfast" sur lequel nous allons nous arrêter un instant. 

"Harper" produisit un petit tube, "Sure as you're born" avec des paroles de Marilyn et Alan Bergman mais "Mexican breakfast" intéressa Bob Fosse qui en proposa, pour un numéro de Gwen Verdon dans le Ed Sullivan show, une chorégraphie à laquelle Beyoncé et son "Single ladies" doivent beaucoup. Beyoncé aime Fosse, elle l'a allègrement pillé dans ses clips mais il existe surtout sur Youtube une vidéo expliquant, non ce que Beyoncé a volé mais la signification exacte de ce que fait Gwen Verdon. Indispensable. 

Mais assez parlé, voici donc les 11 merveilles de cette bande originale, dont certaines craquent un peu, pour ne rien vous cacher, mais que vous apprécierez néanmoins, selon les pistes figurant au dos de la pochette. Johnny, encore merci. 

Et pour télécharger tout ce swing, tout ce groove, tout ce jazz au format zip, vous savez comment faire.