mardi 30 juillet 2024

Et maintenant chantons !


En 1975 s'ouvre "A Chorus line" à Broadway et c'est instantanément un succès. Avec une partition signée Marvin Hamlisch, des chorégraphies de Michael Bennett et aucune star à l'affiche, si ce n'est Donna McKechnie, le pari était risqué. Mais l'histoire de ses danseurs passant audition après audition dans l'espoir d'être choisis par un metteur en scène exigeant va passionner le public. Lorsque le rideau se fermera sur le show en 1990, ce sont plus de 6 millions de spectateurs qui auront assisté au spectacle, rapportant presque 300 millions de dollars à la production et 9 Tony Awards. 

Et le triomphe de la pièce, c'est incontestablement "What I did for love", dont on perçoit immédiatement le potentiel en dehors de "A Chorus line", ce qui n'est pas si fréquent pour une comédie musicale. La chanson "Hello Dolly" par exemple est un tube, mais elle reste à jamais reliée au show du même nom. Alors que "What I did for love" peut s'interpréter sans penser "Chorus line". 
























De façon tout à fait remarquable, à peine quelques mois après sa création à Broadway, et alors que la bande originale du spectacle n'est pas encore sortie dans les bacs, on trouve déjà de nombreuses versions de "What I did for love", mais par des gens assez improbables. Voilà d'ailleurs longtemps que nous n'avions pas autant fait marcher Wikipedia ni rencontrer, d'un seul coup, autant de nouveaux amis.

Et le plus surprenant, c'est que ce sont des messieurs, souvent d'un certain âge, qui s'emparent du tube.  Nous avons ainsi dès 1975 ou dans les premières semaines de 1976, Vic Franklyn, le "Frank Sinatra" canadien, Barry Crocker, le crooner australien qui chantera plus tard le générique de "Neighbors", Bill Hayes, ancienne star du disque avec "La Ballade de Davy Crockett" et futur vétéran (54 ans dans le même rôle, quand même) du feuilleton "Day of our lives" ou Colin Antony et Des O'Connor, vedettes britanniques de la télévision. 

En quelques semaines, non seulement "What I did for love" s'est introduit dans les studios d'enregistrement mais la chanson a même franchi l'Atlantique. C'est assez unique. 


Il y a bien au milieu de tous ces quinquagénaires, souvent moustachus, une jeune femme qui va, et c'est même la première, s'emparer de "What I did for love". Elle s'appelle Beverly Bremers, elle a 25 ans et à son actif un petit tube, "Don't say you don't remember" et un scandale, après que sa chanson sur les joies du sexe en dehors du mariage, "We're free", ait été censurée de toutes les radios. 

En fait en 1975, Beverly sent que sa carrière discographique, débutée trois ans plus tôt, est déjà à bout de souffle. Elle se tourne donc vers Broadway, qu'elle connait bien puisqu'elle a joué dans la création de "Hair", pour dénicher quelque chose de frais. 

Et nous verrons dès demain qu'elle est loin d'être la seule à tenter, avec "What I did for love", de relancer une machine totalement grippée. En tout cas pour elle, ça ne mènera nulle part. Un dernier disque en 1976 et ce sera fini. 






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