mercredi 31 juillet 2024

Nous sommes mercredi : sortons dîner !


 








Et si en plus le restaurant fait hôtel, soyons fous : restons dormir ! 

Et maintenant chantons !


En 1975, "What I did for love" est définitivement la chanson jeune et fraiche, mais possédant également un "je ne sais quoi" de classique, qui va ravir absolument tout le monde, et particulièrement une catégorie d'artistes chère à nos coeurs : les vedettes en quête de tubes, voire de résurrection. Et si nous évoquions la semaine dernière à quel point la vie devint compliquée à partir de 1964 et l'arrivée des Beatles pour la vieille garde de la chanson américaine, imaginez ce que furent les années 70.

Personne n'ignore que le plus dur dans ce terrible métier qu'est le show-business, est de durer et lorsqu'on entame sa troisième ou quatrième décennie d'activités, les options se raréfient fortement. On peut obtenir une résidence à Las Vegas, gagner beaucoup d'argent mais choisir alors une vie de reclus en plein désert, on peut également partir en tournées perpétuelles à travers le globe, gagner là encore beaucoup d'argent mais ruiner sa santé. 

On peut enfin, tel un chercheur d'or arpentant le Klondike, se lancer à la recherche du morceau qui permettra un retour dans les hit-parade. C'est très hasardeux. Alors on saute sur tout ce qui est un peu dans l'air du temps. 


Pardonnez d'avance l'avalanche de chiffres qui va suivre mais qui nous semble importante pour comprendre le phénomène : en 1975, ou plus exactement 1976, même si Johnny Mathis enregistre "What I did for love" dès octobre 75, Peggy Lee entame sa 35e année de carrière, Bing Crosby sa 45e et Johnny, petit jeunot, sa seulement 20e. 

Et pour rester chez les jeunes qui ne le sont déjà plus depuis longtemps, Eydie Gormé aborde sereinement sa 23e année et les Lettermen, déjà vieux avant même d'avoir commencé puisque formés en hommage aux Rhythm Boys, trio vocal des années 30, leur 19e année ! 

Et tous s'emparent de "What I did for love", leur permettant d'ajouter, enfin, un nouveau classique à leur répertoire, ce qui ne fera pas grand chose pour leur carrière puisque personne, nous disons bien personne, ne classera le morceau dans le moindre hit-parade. Mais enfin c'est toujours un peu de modernité à ajouter à un tour de chant composé de standards de Cole Porter, Gershwin ou Berlin. 


Les deux cas les plus émouvants (ou pathétiques comme ne manquerait pas de le remarquer notre chère moitié qui manque parfois cruellement d'empathie) se trouvent chez les survivants de Broadway, pour lesquels les choses furent encore plus difficiles que chez les stars du microsillon. Car lorsque que vous avez construit votre carrière sur les planches, les rôles intéressants sont encore plus rares que les bonnes chansons, surtout passée la cinquantaine. 

En 1977, Ethel Merman a 70 ans. Légende absolue de la scène, elle survit, elle, à la télévision et remercie chaque jour Aaron Spelling d'avoir inventé "La Croisière s'amuse" ou "L'île fantastique". Elle a connu son dernier triomphe en acceptant enfin d'être Dolly dans "Hello Dolly" en 1970, rôle créé pour elle mais qu'elle avait refusé. Ce sera son dernier spectacle à Broadway. 

Quant à Howard Keel, en ce milieu des années 70, il contemple de très loin le temps où il ornait une comédie musicale MGM sur 2 après des immenses succès à Broadway. Mais il ignore qu'en 1980, alors qu'il envisage sérieusement de prendre sa retraite, le producteur David Jacobs va lui proposer de rejoindre le casting de "Dallas". Devenu personnage à plein temps, il restera dans la série jusqu'à sa fin en 1991, une résurrection qui lui permit à 65 ans d'enregistrer son premier disque en solo. Et nous ne nous demandons même pas quel titre il choisit comme single. 

Le trio du jour.




 











Parce qu'à trois, c'est aussi bien qu'à deux, sinon mieux, Soyons-Suave est heureux de vous offrir trois photos de famille. 

mardi 30 juillet 2024

Nous sommes mardi : sortons dîner !


 








Et si en plus le restaurant fait hôtel, soyons fous : restons dormir ! 

Et maintenant chantons !


En 1975 s'ouvre "A Chorus line" à Broadway et c'est instantanément un succès. Avec une partition signée Marvin Hamlisch, des chorégraphies de Michael Bennett et aucune star à l'affiche, si ce n'est Donna McKechnie, le pari était risqué. Mais l'histoire de ses danseurs passant audition après audition dans l'espoir d'être choisis par un metteur en scène exigeant va passionner le public. Lorsque le rideau se fermera sur le show en 1990, ce sont plus de 6 millions de spectateurs qui auront assisté au spectacle, rapportant presque 300 millions de dollars à la production et 9 Tony Awards. 

Et le triomphe de la pièce, c'est incontestablement "What I did for love", dont on perçoit immédiatement le potentiel en dehors de "A Chorus line", ce qui n'est pas si fréquent pour une comédie musicale. La chanson "Hello Dolly" par exemple est un tube, mais elle reste à jamais reliée au show du même nom. Alors que "What I did for love" peut s'interpréter sans penser "Chorus line". 
























De façon tout à fait remarquable, à peine quelques mois après sa création à Broadway, et alors que la bande originale du spectacle n'est pas encore sortie dans les bacs, on trouve déjà de nombreuses versions de "What I did for love", mais par des gens assez improbables. Voilà d'ailleurs longtemps que nous n'avions pas autant fait marcher Wikipedia ni rencontrer, d'un seul coup, autant de nouveaux amis.

Et le plus surprenant, c'est que ce sont des messieurs, souvent d'un certain âge, qui s'emparent du tube.  Nous avons ainsi dès 1975 ou dans les premières semaines de 1976, Vic Franklyn, le "Frank Sinatra" canadien, Barry Crocker, le crooner australien qui chantera plus tard le générique de "Neighbors", Bill Hayes, ancienne star du disque avec "La Ballade de Davy Crockett" et futur vétéran (54 ans dans le même rôle, quand même) du feuilleton "Day of our lives" ou Colin Antony et Des O'Connor, vedettes britanniques de la télévision. 

En quelques semaines, non seulement "What I did for love" s'est introduit dans les studios d'enregistrement mais la chanson a même franchi l'Atlantique. C'est assez unique. 


Il y a bien au milieu de tous ces quinquagénaires, souvent moustachus, une jeune femme qui va, et c'est même la première, s'emparer de "What I did for love". Elle s'appelle Beverly Bremers, elle a 25 ans et à son actif un petit tube, "Don't say you don't remember" et un scandale, après que sa chanson sur les joies du sexe en dehors du mariage, "We're free", ait été censurée de toutes les radios. 

En fait en 1975, Beverly sent que sa carrière discographique, débutée trois ans plus tôt, est déjà à bout de souffle. Elle se tourne donc vers Broadway, qu'elle connait bien puisqu'elle a joué dans la création de "Hair", pour dénicher quelque chose de frais. 

Et nous verrons dès demain qu'elle est loin d'être la seule à tenter, avec "What I did for love", de relancer une machine totalement grippée. En tout cas pour elle, ça ne mènera nulle part. Un dernier disque en 1976 et ce sera fini. 






Le trio du jour.



Parce qu'à trois, c'est aussi bien qu'à deux, sinon mieux, Soyons-Suave est heureux de vous prouver que notre invitée de la semaine est résolument contemporaine. 

lundi 29 juillet 2024

Le Quizz de l'été, volume 4


 
Ahalala, ça y est, le Quizz estival s'enflamme puisqu'en démasquant "L'Apprentie sorcière", datant de 1971, Gatsby remporte 3 nouveaux point et détient à présent la coquette somme de 6 points, devant Nina, 3 points, et le reste du monde rien du tout.  Gatsby, bravo mais à présent la pression est terrible. 

Voilà pourquoi nous adressons tous nos encouragements à Nina et LouisD, et à vous tous, quelque part là-bas, dans le noir. Rien n'est joué, tout est possible et non, l'essentiel n'est pas de participer, surtout si vous avez des vues sur la couronne. 




















Réalisé par le vétéran hollywoodien Robert Stevenson, qui à partir du début des années 60 se refit une santé chez Disney, "l'Apprentie sorcière" ou "Bedknobs and Broomsticks" souffre encore aujourd'hui de sa comparaison avec "Mary Poppins", sorti 7 ans plus tôt. Et cela est bien naturel puisque, en gros, le projet même naquit lorsque les choses devinrent compliquées entre Walt Disney et Pamela Travers, la créatrice de Mary Poppins. 

A deux doigts d'abandonner Mary, le studio chercha donc rapidement un autre scénario avec des enfants, de la magie, et une femme célibataire aimant chevaucher des balais. Mais lorsque finalement, "Mary Poppins" se tourna, sortit et remporta un succès considérable, forcément, on rangea momentanément le projet bis dans des cartons. 











"L'Apprentie sorcière" ne manque pourtant pas de charmes, et obtint même un certain succès dans les cercles lesbiens qui virent en Eglantine Price, incarnée par Angela Lansbury, une consoeur. Elle a un certain âge, elle est célibataire et ne veut pas de mari. Elle n'est pas non plus très portée sur les enfants. Et elle adore son chat. 

Pour le reste du public, tous ces éléments n'arrivèrent pas à la cheville du charme de Julie Andrews et le film fut le plus gros échec du studio Disney, qui mit en veilleuse les comédies musicales mêlant prises de vues réelles et animation pendant un certain temps. 

Avouons que de temps à autre, nous aimons vaquer à des occupations domestiques en fredonnant "Dans le bleu de la mer". La version française de 1972 uniquement, interprétée par Francis Linel et Eliane Thibaut (qui doublait déjà Julie Andrews dans Mary Poppins) uniquement. Toute la VF originelle est d'ailleurs un enchantement du doublage : Mony Dalmès, Henri Virlogeux, Jacques Marin et Jacques Ciron, et pour les chants Danielle Licari et Anne Germain et Jean Stout. Un casting royal. 


Mais voilà qu'il est l'heure de s'agiter avec un nouveau film mystère à identifier, toujours tiré de la filmographie d'Angela Lansbury. On ne triche pas, on ne mitraille pas non plus dans les réponses. 
























Franchement... A vos cellules grises. 

Et maintenant chantons !


Lorsqu'en 1985, encore pratiquement en culottes courtes, nous nous sommes rendus dans un cinéma afin de voir "A chorus Line" réalisé par Richard Attenborough, reconnaissons que nous ne savions pas exactement ce que nous allions regarder. 

Il y avait Michael Douglas, que nous avions beaucoup aimé dans "A la poursuite du diamant vert", c'était un film du créateur des dinosaures dans "Jurassic parc" et on allait y chanter. Car le fait que le film soit l'adaptation d'une comédie musicale était tout de même parvenu jusqu'à nous, sans doute grâce aux critiques lues dans le magazine "Première". 118 minutes plus tard, nous n'étions plus vraiment la même personne. 

Nous savions à présent que dans la vie, nous voulions être Vicki Frederick (ce que confirmera le visionnage de "Deux filles au tapis"), ou devenir chirurgien afin d'opérer Cameron English, lui rendre le sourire et éventuellement l'épouser. Nous savions surtout qu'il était vital d'en savoir plus sur "A Chorus line", et par ricochet sur Broadway, et enfin sur Marvin Hamlisch. Nous avions déjà beaucoup trop d'énergie à dépenser.





  





























Ellipse temporelle comme pourrait l'écrire un étudiant en Master 2 Lettres Modernes, nous voilà en 2024 et évidemment nous ne sommes plus tout à fait la même personne. Nous avons entre temps revu de nombreuses fois le film d'Attenborough, eu la chance d'assister à une représentation de "A Chorus line" à Broadway. Et nous sommes donc en mesure d'affirmer que l'adaptation de 1985 n'est pas une réussite et qu'il a finalement été préférable de ne pas être Vicki Frederick puisque nous aurions aujourd'hui 75 ans. 

Mais quid de "What I did for love", visiblement la chanson de la semaine dont nous n'avons pas dit un seul mot depuis le début de ce billet ? Une chose est certaine : la première fois que nous avons fait sa connaissance sur grand écran, elle ne nous a pas fait grand chose, il est même possible que nous en ayons profité pour regarder l'heure sur notre nouvelle Swatch. Nous n'avons jamais été très attiré par l'obligatoire solo mélodramatique de la vedette, ce dont le titre avait toute les caractéristiques. Et Cassie était trop insupportable pour engendrer la moindre sympathie. 

Il s'est d'ailleurs avéré plus tard, que la version qu'en donne le film est une hérésie par rapport au show de Broadway. Non Cassie ne revient pas sur ce qu'elle a pu faire par amour en songeant à son histoire compliquée avec Michael Douglas (quelle idée, d'ailleurs...), ce n'est même pas elle qui chante le titre sur scène, c'est en fait Diana, la danseuse d'origine portoricaine qui se demande, avec le reste des danseurs, ce qu'il se produirait si tout s'arrêtait pour eux et qu'il leur était impossible de continuer à danser. C'est évidemment la même chanson mais avec des intentions totalement différentes. Rien à voir, donc. 


Si nous résumons, la chanson de la semaine est un hymne à la résilience, à l'acceptation de ses propres limites mais également un appel à ce que le spectacle continue. Bien que larmoyante, "What I did for love" est très Broadway, très "The show must go on", mais version 1975. Et tout ceci, nous le devons à Marvin Hamlisch, responsable de l'intégralité de la partition de "A Chorus line", l'homme qui composa en fait la bande son des années 70 et d'une partie des années 80, pour Broadway, pour Hollywood, et pour Barbra Streisand. 

Car Marvin Hamlisch, c'est avant tout "The Way we were". Nous avons toute la semaine pour parler de "What I did for love", nous n'avons par contre qu'aujourd'hui pour nous offrir ce petit plaisir. 

Le trio du jour.





 




















Parce qu'à trois, c'est aussi bien qu'à deux, sinon mieux, Soyons-Suave est heureux de vous offrir une alternative à la pomme de terre. 

C'est lundi !

Mais avant toute chose, saluons comme il se doit notre nouveau sponsor ! 

vendredi 26 juillet 2024

James Caan était l'invité de la semaine...


 


















Oui mais voilà, c'est fini. En tout cas c'était vraiment formidable et encore merci à lui d'avoir accepté de passer ces cinq jours en notre compagnie. 

Mais ne soyons pas tristes puisqu'il sera remplacé, dès lundi, par Denise Fabre. Rien à voir donc. Et inutile de vous dire qu'il y aura du brushing atomique et des yeux de chats. Suave weekend à toutes et à tous et à lundi ! 



Nous sommes vendredi : sortons dîner !


 








Et si en plus le restaurant fait hôtel, soyons fous : restons dormir ! 

Et maintenant chantons !


Normalement, si vous êtes des habitués de nos pages et en particulier de la saga musicale, vous savez que la carrière d'une chanson n'est complète que, lorsqu'en plus de tout ce que vous avez pu écouter, elle peut se vanter d'une version twist, d'un traitement harmonique par, c'est un exemple, un trio vocal féminin et enfin d'une réinterprétation sud-américaine. 

En véritable chanson "Soyons-Suave", "You came a long way from St Louis" peut revendiquer tout cela, et, c'est encore mieux, dans une seule décennie. Puisqu'il faut bien reconnaitre que passée l'année 1968, notre tube va quelque peu sombrer, être même invisible dans les années 70 et à peine ressusciter dans les années 80. Il apparaît occasionnellement depuis les années 2000 mais c'est sans aucune mesure avec ce qu'il a été.

Mais est-ce si grave, lorsqu'on a été chanté par tant de gens si différents, sur des tempos inattendus et parfois improbables, et même par 3 soeurs originaires de Cuba, lancée par Carmen Miranda et reines de Las Vegas dans les années 50 ? 


Grands sages que nous sommes, nous avons cependant, et pour finir, une explication à la relative disparition de "You came a long way from St Louis" après 1968. Cela est extrèmement rare mais il arrive parfois que quelqu'un, sans le savoir, livre la version définitive d'une chanson, celle à côté de laquelle toutes les autres feront pâle figure et qui finalement dissuadera, même les plus téméraires, de se lancer dans l'aventure périlleuse de la reprise. 

Une telle chose est arrivée à "You came a long way from St Louis". Par la seule et l'unique Della Reese. Lors d'un concert qui fort heureusement était enregistré et sortira même en vinyle. La chose est tellement too much qu'elle deviendra un classique pour les drag queen depuis et qu'il n'y a pas un soir où quelque part, dans un club, ne résonne les premières notes de cette version. 

Nous l'avons faite écouter il n'y a pas si longtemps à un de nos voisins agriculteurs... et cette précision est inutile puisque TOUS nos voisins sont agriculteurs. Sa réaction nous a enchantés : "J'ai l'impression d'entendre chanter ma moissonneuse-batteuse !". Et c'est si vrai : rien ne résiste à Della ! 


Puisqu'à présent nous sommes tous épuisés, il ne vous reste plus qu'à télécharger presque tout ce que nous avons pu écouter depuis lundi. 









Et normalement vous savez comment faire. 

Le trio du jour.




 


















Parce qu'à trois, c'est aussi bien qu'à deux, sinon mieux, Soyons-Suave est heureux de vous offrir une relève assurée.