mardi 12 juillet 2022

Et maintenant chantons !


Si vous venez d'écouter la petite chose ci-dessus, vous venez également de réaliser que les paroles françaises passablement simplettes, chantées à l'unisson par les Soeurs Etienne : "Bongo bongo bongo moi pas vouloir quitter Congo" n'étaient pas dues au délire du parolier et adaptateur mais n'étaient que la pure traduction de la version originale : "Bongo bongo bongo I don't want to leave the Congo". Et en 1947, c'est Louis Prima, déjà star et pourtant pre-Las Vegas et Keely Smith qui va faire de ce titre un tube : 8 semaines dans le top 10. Et ce n'est que le début du succès. 

A l'origine de "Civilisation / Civilization", il y a deux paroliers, qui tâtent parfois de la composition musicale, Bob Hilliard et Carl Sigman, dont la particularité est qu'ils ne construisent pas une oeuvre à la Gershwin ou à la Cole Porter mais ont un flair imparable pour le tube. Et séparément, mais encore plus en travaillant ensembles, ils excellent dans une catégorie bien spéciale : la novelty song.

Et c'est alors qu'arrive le point culture du jour : une novelty song, depuis la fin du XIXe siècle, est une ritournelle un peu idiote (parfois), qui a pour objectif, non d'être jolie mais de durer quelques mois et de s'insérer rapidement dans l'esprit de tous les gens qui l'entendent. Si elle est drôle, c'est encore mieux. Et elle se doit d'être parodique et de souligner légèrement le ridicule d'un fait de société anecdotique. Depuis 1900, les novelty songs font le bonheur des hit-parade et le désespoir des mélomanes. Illustrations choisies arbitrairement parmi des centaines : 


Nous vous avions prévenus, la novelty song est une chanson idiote qui se moque des dérives de la mode (le bikini de Richard Anthony), des tentatives désespérées de lancer de nouvelles danses (le Name Game à l'origine chanté par Shirley Ellis) ou la vague mambo (Ella chantant les charmes du chocolat chaud, prouvant que personne n'échappa à la chanson honteuse). 

Pour revenir à notre saga de la semaine, "Civilization" louche finalement plus du côté de Voltaire ou de Montesquieu que de Carlos ou Charlotte Julian, en proposant le regard naïf de ce pauvre congolais qui refuse de quitter son pays après avoir découvert les absurdités du monde moderne.  Et ce sera sans doute l'analyse la plus énorme que vous lirez aujourd'hui. 




































Comme cela est courant dans les années 50, "Civilization" va aussitôt être enregistré par à peu près tout le monde, et trois mois après la version de Louis Prima, c'est celle des Andrews Sisters, accompagnées par Danny Kaye, qui va truster les charts : 10 semaines et grimpant jusqu'à la troisième place des disques les plus vendus. 

Et si au passage quelqu'un peut nous expliquer Danny Kaye, cela serait fort aimable. Car nous avons essayé mais vraiment...

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