samedi 7 janvier 2012

Soyons-Suave vous fait gagner 90mn.


Dans son immense suavitude, Soyons-Suave vous propose de gagner 90mn (c'est une moyenne) en vous présentant en 5 photos, un film un peu éloigné de nos suaves préoccupations quotidiennes, garanti sans Joan, Bette ou Lauren et que par conséquent vous pourrez vous abstenir de voir. Comme nous vous en présentons les grandes lignes et la fin, vous pourrez cependant en parler. Ne dites rien, cela nous fait plaisir.

Cette semaine, nous sommes plus suaves que suave puisque ce ne sont pas 90mn mais bien 8 heures environ que nous vous proposons de ne pas perdre puisque nous avons regardé la première saison de "Terra Nova", la série sf produite par Spielberg et qui arrive sur Canal Plus. Mais de quoi est-il question ? Voyons cela en 5 instants choisis.


En 2149, la vie est devenue pratiquement impossible sur la terre. Découvrant par accident une faille temporelle menant droit à la période du Crétacé, des scientifiques décident de déplacer quelques élus 85 millions d'années dans le temps afin de sauver la race humaine. La famille Shannon, dont les 5 membres vont devenir vos amis, fait le voyage, à priori sans retour possible.


Les Shannon, qui font partie du dixième "Pélerinage" dans le passé, découvrent avec émerveillement Terra Nova, campement high-tech permettant à tous un nouveau départ. Dans un esprit très voltairien et candidesque, chacun trouve sa place en fonction de ses compétences : madame Shannon, médecin, devient médecin, monsieur Shannon, policier, sera le chef de la sécurité de Terra Nova. Les enfants, puisqu'ils sont des enfants, iront à l'école.


Terra Nova est dirigée d'une main de fer par le Commandant Taylor, premier homme à avoir fait le grand saut 6 ans auparavant et qui est à l'origine de l'installation de la colonie. Le coeur de cet homme, dur en apparence, abrite en fait de multiples fêlures : il est sans doute à l'origine de la mort de sa femme, a définitivement tué un supérieur pour rester en poste et surtout, son fils, Lucas, a disparu peu de temps après son arrivée à Terra Nova. Il se cache en fait dans la jungle, travaillant à détruire ce que son père tente de construire. Il est très méchant. C'est bien simple, c'est le méchant.


Dans sa quête qui restera mystérieuse jusqu'à l'épisode 9 mais que l'on devine dès le pilote ou presque, Lucas est aidé par les Sixers, appelé ainsi car ils sont tous arrivés lors du sixième pèlerinage, sorte de terroristes qui passent l'essentiel de leur temps à attaquer Terra Nova afin de leur voler des batteries. Ils travaillent en fait pour une organisation qui, de 2149, compte bien piller les ressources de la terre d'il y a 85 millions d'années et faire fortune.


Entre renégats et dinosaures carnivores et les histoires qui vont avec, Terra Nova héberge tout de même de sympathiques familles et surtout de dynamiques adolescents qui vont agrémenter l'intrigue principale en conflits divers : mon père veut diriger ma vie, et si on se soûlait, c'est trop bien de désobéir aux règles... Venant du futur ou projeté dans le passé, un adolescent reste donc insupportable.

S'ennuie-t-on devant les 13 épisodes de la première saison de "Terra Nova" ? Nous ne pouvons pas dire cela. Est-ce passionnant ? Nous ne pouvons pas dire cela non plus. Il n'est un mystère pour personne que, diffusée entre septembre et décembre de l'année dernière sur la Fox, la série a été un gentil flop à tel point qu'une saison 2 semble encore aujourd'hui hautement improbable.

Il faut dire que la chose a coûté fort cher, s'est faîte éreintée par la critique et s'est montrée à la hauteur de sa réputation de sous "Avatar rencontre Jurassic Park rencontre Lost rencontre La petite maison dans la prairie".


Point crucial : si on ne s'enthousiasme pas devant "Terra Nova", reconnaissons qu'on pouffe beaucoup, dans un esprit très "je préfère en rire plutôt qu'avoir à en pleurer. Nous avons été particulièrement sensible à la contribution artistique très pointue qui nous a permis d'être rassurés : la mode de 2149 est sensiblement la même qu'en 2011, de même que les habitudes : lorsqu'une jeune fille sort de sa maison au milieu de la jungle et des dinosaures, elle n'oublie ni son baladeur ni son sac à main.

Soulevant les mêmes interrogations que dans un James Bond lorsque le spectateur, découvrant le repère du S.P.E.C.T.R.E, s'écrit "Mais comment ont-il pu construire tout cela ?", "Terra Nova" nous intrigue quant à la liste des fournitures jugées nécessaires lors d'un voyage temporel et l'installation d'une colonie. Observez, en l'agrandissant, la photo ci-dessus et vous découvrirez, par exemple, que les salières-poivrières scandinaves sont obligatoires.


Alors que "Lost" pouvait vous perdre dès le deuxième épisode, "Terra Nova" est bien plus gentil avec le spectateur en lui proposant des schémas qu'il peut suivre tout en faisant sa comptabilité, les carreaux ou des sudoku.

Ainsi, les méchants ont généralement des raisons de l'être, les traîtres ne trahissent que parce qu'ils y sont forcés, les personnages principaux, bien évidemment, ne meurent pas et les rebelles, qui ont été obligé de suivre un stage "Mad Max" pour être crédibles, sont reconnaissables à leurs tatouages tribaux, leurs peintures de guerre et d'occasionnelles plumes dans les cheveux.


Produite par Steven S. et se déroulant 85 millions d'années avant notre ère, "Terra Nova" offre forcément son lot de créatures disparues et pourtant vivantes puisque nous sommes en pleine préhistoire. Notons l'effort de la production qui a permis, au moins, un dinosaure par épisode, une attaque de carnivore tous les trois épisodes et des cimes d'arbres et des buissons qui bougent de façon inquiétante dès qu'un personnage s'aventure seul dans la jungle.

A ce propos, pour de mystérieuse raison, chaque incursion hors des impressionnantes barrières protectrices de Terra Nova se fait la nuit. Vous le remarquerez rapidement et sans effort puisque, de mémoire, les épisodes 3, 4 et 5 débutent tous de la même façon : il fait nuit, un personnage est seul loin du camp, il entend du bruit et voilà : un dinosaure a eu son dîner.





Ajoutons pour finir que "Terra Nova", sans pour autant être délirante alors qu'il devait tout de même faire très chaud au Crétacé, est assez décente en chutes de chemise. Les propositions sont d'ailleurs assez variées et pourront satisfaire un large public, allant des amateurs de jeunes gens majeurs car sinon c'est la prison aux amoureux des renards argentés.

C'est déjà cela nous direz-vous peut-être ? Certes. Mais c'est tout de même assez décevant en degré de suavitude.

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