lundi 9 janvier 2012

La fin du Quizz de 20100COQ1



Jacqueline Delubac ! Il fallait qu'un jour ou l'autre ce nom éclaire Soyons-Suave et remercions 20100 de nous permettre de commencer l'année avec elle. Félicitons aussitôt Jérôme, qui ouvre donc la liste 2012 des pourfendeurs de Quizz, montrant une fois de plus sa perspicacité : quand l'essentiel des suaves visiteurs fouillait Hollywood, il parcourait sereinement les studios de Boulogne, dont Bruno lui a peut-être, ou pas, montré sans y prendre garde le chemin.

Jérôme, vous voyez comme il se doit votre nom en noir sur gris sur Soyons-Suave cette semaine, vous augmentez la liste des lecteurs qui à présent veulent être vous et vous recevez toute notre admiration. Sans vous, nous sommes suaves, avec vous nous le sommes encore plus.


Troisième madame Sacha Guitry, entre Yvonne Printemps et Geneviève Ligeau Champlain de Séréville, Jacqueline Delubac née en 1907, va éclore sous la plume et la caméra de son illustre époux puisqu'au cours des 5 années que durera leur union, on la verra dans 23 pièces et surtout 11 films de Guitry.

La chance de Jacqueline ou l'opportunité accidentelle dont elle va bénéficier, est qu'au moment où elle rencontre Guitry, celui-ci, un peu mélancolique, et c'est un euphémisme, suite au départ de Yvonne Printemps, va trouver dans le cinéma un divertissement qu'il va se mettre à pratiquer avec la même frénésie qu'il écrit des pièces. Ses épouses étant ses muses, Jacqueline va ainsi apparaître dans pratiquement le meilleur de Sacha cinéaste : "Le roman d'un tricheur", "Désiré, "Quadrille" et bien sûr "Faisons un rêve" dont 20100 tira la photo mystère et cette robe ébouriffée, peut-être de Lanvin.


Au cours de sa courte carrière cinématographique, qui la fit tout de même jouer, hors Guitry, pour Pabst, Tourneur, Delannoy ou Michel l'Herbier, Jacqueline Delubac fut toujours distinguée pour sa classe, son élégance, sa distinction... sa beauté, disons les choses simplement, quant elle n'aurait pas détesté être parfois reconnue pour un éventuel talent.

Confrontée à des actrices peut-être moins parfaitement photogéniques mais plus habiles comédiennes, Jacqueline ne l'emporta jamais. Elle était pourtant d'un naturel charmant. Arletty était une amie mais Gaby Morlay, qu'elle côtoya au théâtre comme au cinéma, fut sa croix. En 1951 elle mit un terme à sa carrière.


A vrai dire, nous sommes plus intrigués par la vie de Jacqueline Delubac à partir de cette période que par celle qui précède, une existence fort suave qui consista, dans les grandes lignes, à collectionner des oeuvres d'art, dépenser avec classe l'argent de son nouvel époux diamantaire, fréquenter le Tout Paris et à écrire un livre de souvenirs au titre amusant "Faut-il épouser Sacha Guitry ?".

Incarnant au cinéma LA Parisienne, ce que confirme un classement de Life de la fin des années 30 qui la distingue comme l'une des 5 femmes les plus élégantes du monde, elle va réellement devenir LA parisienne, celle des vernissages et des bals, des avant-premières et des défilés, comme en témoigne cette invraisemblable et fort célèbre photo du premier rang du défilé Chanel 1966 où, entre Streisand en léopard, Dietrich en serre-tête et Elsa Martinelli en pied-de-poule, elle assure en tailleur.



En 1993, Jacqueline Delubac fit don d'une partie de sa collection au musée des Beaux-Arts de Lyon dont elle était originaire, des petites choses signées Picasso, Rodin ou Degas qui s'installeront définitivement dans la ville des Canuts à sa mort en 1997. Une mort suave malgré la bêtise de la chose (renversée par un cycliste) puisqu'elle survint rue du Faubourg Saint-Honoré en sortant de chez Hermès.




Autre exemple de cette existence oisive, sans doute, mais délicieusement hors du temps, Jacqueline Delubac fut parmi les nombreux invités que le Baron et la Baronne Guy de Rothschild convièrent, le 12 décembre 1972 dans leur propriété de Ferrières, au "Dîner des têtes surréalistes", somptueuse réception figurant quelque part entre "Le bal du siècle" au Palais Labia à Venise de Charles de Bestegui et le "White and black ball" au Plaza de New York de Truman Capote dans les annales du XXème siècle.


Véritable déclaration d'amour aux surréalistes qui vit Audrey Hepburn s'enfermer dans une cage, François-Marie Banier escorter Hélène Rochas surmontée d'un gramophone humain, Marisa Berenson effrayer les lustres et Marie-Hélène de Rothschild accueillir ses invités cachées par une tête de cerf dont les larmes étaient d'authentiques diamants, cette soirée permit à Jacqueline de clamer son admiration pour Magritte, délicieusement cachée par une pomme, ce qui est fort suave lorsqu'on est un des visages les plus célèbres de Paris.



Le 29 décembre 1976, Jacques Chancel choisissait de recevoir pour la dernière "Radioscopie" de l'année, Jacqueline Delubac , à propos de la sortie de son livre de souvenirs sur Guitry. Nous ne sommes donc pas les premiers à trouver que Jacqueline est parfaite pour accompagner la Saint- Sylvestre.

Pendant un peu moins d'une heure, avec une certaine drôlerie, elle explique à demi-mots que son illustre époux radotait un peu, qu'il était parfois fatiguant, autoritaire... Elle prononce surtout "Sacha" de la manière la plus délicieuse qu'il soit. Si le coeur vous en dit et que vous avez 55 minutes devant vous... C'est très suave.
















5 commentaires:

soyons-suave a dit…

Nous rassurons nos suaves visiteurs : ce n'est pas l'alcool mais le lecteur de l'Ina qui crée cet espace vierge et intrigant. Rien à faire : il subsiste.

Jérôme (moins anonyme) a dit…

Ah, mais Mlle Delubac a quelque chose du champagne!
Pour les curieux, je conseille le premier film (fiction) de Guitry avec justement sa future épouse: "Bonne Chance!" (1935)... quelque chose comme un Lubitsch parisien.

Anonyme a dit…

Jacqueline était le modèle de Catherine Deneuve qui confiat à VOGUE: Jacqueline Delubac c'est la réelle élégance, celle qui consiste à toujours être parfaitement habillée en fonction des circonstance, je rêve d'y parvenir.
Le cycliste qui l'a renversée était en fait un livreur de pizza en scooter.
Arletty une amie...voire! Le couple avait emmené Arletty visiter venise. Sacha et Arletty s elevaient aux aurores pour aller visiter un maximum de choses et l'actrice se souvient: "Delubac dormait jusqu'à midi et ensuite s'occupait de son apparence jusqu'à l'heure de paraître au dîner" a quelqu'un qui lui vantait l'élégance de Jacqueline elle s'était écriée: "Elle? Elegante? une élégante de Lyon alors!"
Celine la saga

soyons-suave a dit…

Noton la possibilité qu'Arletty ait été une teigne :)
Il existe une autre version du voyage à Venise qui raconte que Jacqueline et Guitry se s'adressaient alors pratiquement plus la parole, si ce n'est pour s'insulter et que la présence d'Arletty ne servit en fait qu'à pacifier momentanément l'atmosphère et rendre l'escapade plus supportable.

charlus80 a dit…

Quoiqu'il en soit ce monde est, malheureusement, définitivement révolu. Merci de l'avoir ressuscité pour quelques instants!!