dimanche 10 juillet 2011

La question du jour : est-il suave d'abuser de la crème fouettée ?


Alors qu'il y a peu nous nous penchions en tout bien tout honneur sur Grace Jones, il était inévitable que tôt ou tard, nous nous intéressions au plus gros vendeur de disques de 1965, Herp Alpert and the Tijuana Brass qui écoula ne serait-ce qu'aux Etats-Unis, 6 millions d'exemplaires de son "Whipped cream and other delights".

Crée en 1962 mais véritablement constitué de musiciens (dont aucun n'était hispaniques) à partir de 1964, le Tijuana Brass, TJB pour les intimes, alternait compositions originales de Alpert et reprises improbables du répertoire pop (il ne sonnait pas comme évidence sur le papier que "Hello Dolly" ou "Je t'appartiens" de Gilbert Bécaud se prêtent à un traitement Mariachi, et pourtant...) jusqu'à cet album qui, historiquement, marque le début d'une nouvelle ère. Deux ans plus tard, Le Tijuana Brass dépassait en ventes les Beatles et entrait dans le Guiness Book pour avoir placé 5 albums consécutifs dans le top 20. Herp venait de démontrer que la trompette va avec tout et qu'un peu de crème fouettée peut propulser une carrière. Mickey Rourke et Kim Basinger dans "9 semaines et 1/2" retinrent d'ailleurs la leçon.



L'histoire de la pochette est devenue légendaire : afin de rompre avec les précédents albums aux visuels très ethniques, il fut décidé que le quatrième opus de TJB serait consacré aux plaisirs culinaires. Un titre de l'album, "Whipped cream" fut choisi comme thème, on embaucha un photographe qui lui-même embaucha un mannequin de 28 ans, Dolores Erickson, à laquelle on fit enfiler une jupe et un bikini, qu'on recouvrit de mousse à raser ( et non, ce n'était pas vraiment de la crème fouettée) avec en cerise sur le gâteau, un tourbillon de crème sur la tête. La séance dura peu de temps, Herp fut sceptique quand au résultat mais laissa faire.

Dolores, qui fut payée 1500 dollars pour sa prestation, retourna à ses activités, qui consistaient à... poser pour des pochettes de disques. Elle poursuivra un sympathique carrière de mannequin jusqu'à ce qu'elle décide de se consacrer totalement à sa passion : l'art. Après avoir tenu une galerie, elle est aujourd'hui à plein temps un peintre figuratif au moins réputé pour son goût des chapeaux.



Dolores aujourd'hui : chic, coordonnée, suave.

Quiconque était adolescent au milieu des années 60 se souviendra aisément que "Whipped Cream" devint dès sa sortie un substitut à Playboy et la preuve qu'une femme couverte de mousse peut faire autant pour l'apprentissage de la sexualité qu'une double page centrale.

La photo de Dolores, pimpante comme un sundae, si elle ne choque personne aujourd'hui si ce n'est quelques militantes féministes, provoqua plus qu'un frisson en 1965... Est-elle nue sous la crème ? Ne sont-ce pas des seins sous la chantilly (Ce qui est le cas, le bikini glissa lors de la séance) ? Qui regarde-t-elle en se léchant le doigt ? Quels sont les autres "délices" annoncés dans le titre ? Et surtout : où puis-je commander un tel dessert ?

On ne devient pas impunément un image iconique sans attirer hommages et détournements. "Whipped cream and other delights" fait partie de ces pochettes souvent imitées, jamais égalées mais là n'est pas le but. Illustrations.







On peut donc abuser sans hésiter de la crème fouettée à condition bien sûr de ne pas être diabétique. Heureusement, lorsque le sucre rapide est interdit, il reste les sucres lents. L'idée principale demeure. Plus qu'une pochette c'est un concept.

2 commentaires:

  1. Je la lie, je la fouette... Superbe article
    Olivier

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  2. Merci pour ce compliment Olivier :)Nous voilà sauce spaghetti maintenant...

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